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Marco Polo, l'expo


Pointe-à-Callière, cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, propose au public une exposition qui le fera rêver et voyager : Marco Polo -- Le fabuleux voyage transporte les visiteurs au 13e siècle, de Venise jusqu'en Chine, au cours d'un périple si étonnant et si exceptionnel que l'on en parle encore après plus de sept siècles. Cette manifestation illustre l'immense impact de ce voyage tel que raconté par Marco Polo dans Le Livre des merveilles car ces récits ont permis l'élaboration de la cartographie menant à de grandes explorations autour du globe à compter du 15e siècle. C'est d'ailleurs sous l'influence de cet ouvrage que Christophe Colomb mettra les voiles vers l'ouest pour ouvrir une nouvelle route des Indes et finalement découvrir l'Amérique en 1492.

Marco Polo, avant le grand départ

Marco Polo serait né à Venise en 1254 au sein d'une famille de marchands. Pourtant, la famille Polo n'appartient pas à l'élite la plus aisée de l'époque. Par contre, le commerce, elle le connaît bien puisqu'elle sillonne depuis des générations des mers contrôlées par Venise, jusqu'à Constantinople et même au-delà, sur les rives de la mer Noire. Niccolo et Matteo Polo, le père et l'oncle de Marco, font un premier voyage vers l'Orient et reviennent au bercail en 1269, après avoir rencontré en Chine l'empereur Kubilaï Khan. Le souverain mongol leur a confié la mission de lui rapporter de l'huile sainte du Saint-Sépulcre, de lui ramener 100 prêtres capables de le convaincre de la supériorité de la foi chrétienne, ainsi qu'une missive du Pape. Ils repartent donc pour remplir cette mission, cette fois en compagnie du jeune Marco. Ce dernier ne sait pas, lorsqu'il entreprend ce périple en 1271 à l'âge de 17 ans, qu'il en aura 41 à son retour au pays en 1295. Son voyage durera 24 ans.

L'exposition illustre ainsi comment le jeune Marco Polo a sans aucun doute été un être téméraire, courageux, aventureux et à la santé de fer pour réaliser une telle expédition. La traversée des déserts, la présence de brigands, les voies précaires de communications, l'insécurité, le climat et la possibilité de tomber malade ne sont que quelques-uns des obstacles qu'il a dû affronter pour atteindre l'empire de Kubilaï Khan. Ce long périple était extrêmement difficile et dangereux à accomplir au 13e siècle tout comme certains de ces pays sont encore difficilement accessibles de nos jours.

Pour le plaisir des yeux et de l'âme, des objets magnifiques !

Parmi les quelque 200 artefacts et objets présentés dans l'exposition, certains valent une mention très spéciale. En premier lieu, mentionnons le plus précieux qui nous vient de la Basilica di San Marco de Venise : un brûle-parfum ou lampe d'influence byzantine transformé en reliquaire du Saint Sang datant du 12e siècle et rappelant, par ses superbes coupoles, la basilique Saint-Marc de Venise. Un splendide bronze - très prisé à la cour de Chine - du 13e-15e siècles, montrant un barbare dansant, un prêt du Musée Cernuschi de Paris. La soie, un produit oriental de grand luxe, est bien représentée dans l'exposition grâce à de superbes pièces du 12e, 13e et 14e siècles prêtées par le Musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon. Une châsse, ou coffret, qui contenait une relique de saint Thomas Becket en cuivre émaillé, datée du 13e siècle, prêtée par le Musée de Cluny de Paris. Un imposant haut-relief de six pieds de haut mon- trant la crucifixion du Christ en présence de Marie, de saint Jean et d'anges, 13e et 14e siècles, un prêt du Museo Correr de Venise. Des statuettes de femmes datant de 1279 et représentant des personnages de la cour à l'époque de l'empereur mongol Kubilaï Khan, prêtées par le Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis. De la Cité de la Céramique de Sèvres, plusieurs céramiques en forme de croix ou d'étoile où s'exprime un génie décoratif persan.

Un parcours fascinant sur la Route de la soie

Dès leur entrée dans la salle d'exposition, les visiteurs s'immergent dans la Venise du 13e siècle, notamment grâce à une projection d'Ubisoft. Ils y découvrent l'importance de la prospère cité-État de Venise, sa puissance maritime et commerciale et son rôle dans les échanges entre l'Orient et l'Occident. La Terre, comme on la connaît alors, ne comprend encore que trois continents : l'Europe, l'Afrique et l'Asie. Au fil du trajet, les visiteurs sont transportés d'un lieu à un autre, à la découverte de paysages sublimes dont ceux de la Route de la soie. Marco Polo est d'ailleurs l'un des premiers à explorer cette Route qui a traversé le temps et qui suscite depuis un immense intérêt. Il en rapporte des pierres précieuses dont le lapis-lazuli d'Afghanistan, des épices et du coton de l'Inde, et du jade et des soieries de la Chine. Durant son long séjour en Chine, Marco Polo a pris note des nombreuses inventions de ce peuple et en a rapporté quelques-unes dans ses bagages : qui sait aujourd'hui que ce sont les Chinois qui ont inventé le papier-monnaie et le charbon ?

Depuis Venise jusqu'en Chine, en passant par le monde perse, les steppes mongoles et les rives indiennes, les visiteurs découvrent, comme Marco Polo l'a aussi constaté, le savoir- faire des maîtres artisans d'Europe et d'Asie, et vivent une exploration multi-sensorielle grâce aux fourrures, soierie et lainages qu'ils peuvent toucher ! Leurs sens sont avivés par les parfums d'épices rares provenant des lieux exotiques découverts. Une halte évoquant une très belle mosquée et ses objets évocateurs les accueille à l'oasis de Yazd en Perse.

Un peu plus loin dans l'exposition, une yourte mongole - modèle d'adaptation et d'hospitalité - est érigée et offre une courte pause aux visiteurs, ainsi que l'occasion d'étudier son aménagement. D'autres lieux exotiques les attendent au cours de leur visite dans l'exposition : la Terre Sainte où l'huile réclamée par Kubilaï Khan est recueillie; l'Arménie et ses troupeaux ; la Géorgie et ses montagnes; la Perse et ses trésors; l'Afghanistan, carrefour de l'Asie; les monts Pamir que Marco Polo est le premier Européen à traverser; et le terrible désert du Taklamakan.

Sur les traces de Marco Polo

Les visiteurs ont aussi l'occasion d'apprécier ce défi lors d'un visionnement d'extraits du film Sur les traces de Marco Polo sorti en 2008 et réalisé par des explorateurs d'aujourd'hui ayant suivi les traces de Marco Polo pendant deux ans. Une expérience fascinante ! Denis Belliveau et Francis O'Donnell, deux amis de longue date de Queens, New York, décident au début des années 1990 de suivre les traces de Marco Polo en ayant comme seul guide le compte-rendu des voyages de Marco Polo. Ils accomplissent à leur tour ce long périple à pied, à dos de cheval et par mer. Ces deux gars ordinaires se sont lancés dans un projet extraordinaire que jamais personne n'avait accompli auparavant.

www.pac.qc.ca

Louise Gaboury