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Article publié dans le webzine de Novembre 2016

Les Baléares, pourquoi pas?


C’est un petit archipel méditerranéen situé au large de Valence. Peuplé d’à peine plus de 1 million d’habitants, il a reçu l’année dernière 14 millions de visiteurs. Un record. Ce n’est pourtant pas une raison pour bouder la destination.

 Invasions barbares

La position géographique des Baléares entre l’Europe et l’Afrique, en a fait un territoire stratégique convoité. Déjà occupée il y a des millénaires, Majorque a subi les invasions successives des Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Maures, Chrétiens, etc.  Repris par le roi de la Catalogne, Jacques 1er au début du XIIIe siècle, elle a ensuite connu les dominations française et anglaise, avant de redevenir espagnole et d’être envahie par le tourisme de masse à partir des années 1960, et surtout après la mort de Franco en 1975.

Depuis, les hôtels ont poussé comme des champignons et les transporteurs aériens à rabais ont déversé jusqu’à plus soif leurs cargaisons de joyeux touristes. Résultat, de juin à septembre, les vacanciers s’entassent sur les plages le jour et s’éclatent dans les discothèques la nuit. Le reste de l’année, les îles se reposent.

Plus que mer et soleil : des plages, des paysages, des villages et une riche histoire

Formée des îles de Majorque, Ibiza, Formentera et Minorque, l’archipel espagnol est devenu la Communauté autonome des îles Baléares en 1983. On aime Majorque pour ses plages et ses riches monuments, Minorque et Formentera pour la nature, et Ibiza demeure le paradis de la fête avec ses méga-discothèques.

Si les côtes de Majorque sont bondées, l’arrière-pays est paisible. Dans ce lieu qui jouit de plus de 260 jours de soleil par année, l’arrière-saison est idéale. À l’hiver 1838-39, George Sand et Chopin y ont séjourné, installés au cœur de la Serra de Tramuntana, un paysage culturel aujourd’hui inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.  L’Unesco a ainsi reconnu ce superbe environnement agricole méditerranéen, ses constructions de pierre sèche, et sa culture en terrasses héritée des Maures, tout ça à moins de 30 minutes en voiture des plages surpeuplées.

Dur dur de se prélasser toute la journée sur les plages saturées de musique en ignorant Palma, dominée par la silhouette de la superbe cathédrale, construite sur l’emplacement de la plus grande mosquée de la ville. Sa construction est une épopée qui se termina au début du XXe siècle avec la « modernisation » de son intérieur par Gaudi. Cette cathédrale, La Seu, une des plus grandes d’Europe, est récemment passée au vert grâce à une saine utilisation de l’énergie électrique renouvelable. Ce monument, plus le Castel de Belver, un des plus beaux châteaux gothiques d’Europe, les bains arabes du Xe siècle, la Plaça Major, l’architecture éclectique, les ruelles médiévales et le musée consacré à Miro, qui vécut sur l’île pendant 40 ans, tous ces trésors valent à eux seuls une visite aux Baléares.

Ibiza, découverte par les hippies dans les années 1960 et devenue mythique à la suite du film More de Barbet Schröder, a vu sa ville haute inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1999. C’est un plaisir de se promener doucement le matin, quand les fêtards viennent de s’endormir, dans ses rues étroites entre les maisons blanches qui dominent le port, en s’arrêtant à la cathédrale et en admirant les remparts au passage.

Toute cette beauté ne peut être balayée du revers de la main pour cause de surtourisme. Même si la menace est réelle, elle ne devrait pas empêcher la découverte de la riche culture des Baléares.

www.illesbalears.es

 

Des lendemains qui chanteront?

Pilar Carbonell Raya, directrice générale du tourisme au Gouvernement des îles Baléares, est consciente des dangers du tourisme de masse pour le fragile écosystème des îles. « Nous essayons d’étirer la saison, en mettant l’accès sur le golf, par exemple l’histoire partout présente, et le vélo, puisque plusieurs équipes du Tour de France viennent s’entraîner chez nous », déclare-t-elle. « Nous misons également sur la beauté et l’authenticité de nos villages de montagne, l’oenotourisme, la randonnée, l’observation des oiseaux et la spéléologie. D’ailleurs, 40% de l’archipel est protégé. Nous travaillons également à mieux distribuer les arrivées des passagers de croisières pour éviter d’engorger Palma, afin que les résidents, comme les visiteurs, puissent y circuler librement. Il ne s’agit pas de limiter le nombre de bateaux, mais de réorganiser les escales », souligne-t-elle.

L’île ne produit pas assez pour nourrir cet afflux de visiteurs, et doit importer. « Nous devons économiser l’eau et recycler, ce que nous faisons plus que la moyenne espagnole. Nous voulons de plus favoriser l’utilisation des voitures électriques et multiplier les points de recharge », conclut-elle.

L’État travaille en collaboration avec l’entreprise privée à revitaliser la station balnéaire de Magaluf, il n’y a pas si longtemps tristement célèbre pour son tourisme de masse alcoolisé. Ce programme vise à améliorer le produit en rénovant et en surclassant les hôtels. Les revenus de la nouvelle taxe touristique seront réinvestis dans le développement durable et les énergies renouvelables.

 

En vrac

. S’y rendre

Il n’y a bien évidemment pas de vol direct entre Montréal et les Baléares. Elles sont par contre facilement accessibles par avion de Madrid et mieux, de Barcelone où la desserte d’Air Transat commencera dès avril, au moment où les îles s’éveillent. Ces escales urbaines, entre le Prado et Gaudi, se marient à merveille à un séjour balnéaire. À l’été 2017, Air Transat volera en direct cinq fois par semaine vers Barcelone. Sur place, on peut voler ou voguer d’une île à l’autre.

. Y séjourner

Afin d’éviter les foules estivales, mieux vaut choisir le printemps ou l’automne pour découvrir les îles. Plusieurs hôtels ferment temporairement en hiver.

. Se loger

Les hôtels Melià, qui célèbrent cette année leur 60e anniversaire, ont vu le jour à Palma quand un jeune homme sans le sou, Gabriel Escarrer, loue un premier hôtel avec la bénédiction de son curé. Fidèle à ses origines, la chaîne, qui compte maintenant 370 hôtels dans une quarantaine de pays, mise toujours sur sa présence dans les îles. Son portefeuille comprend des hôtels de plage, des complexes pour les familles et des établissements de luxe pour clientèle branchée et friquée. melia.com

. Gastronomie

On dit que la tradition culinaire des Baléares est une des plus riches d’Europe. Influencée par la cuisine arabe, elle utilise les fruits secs et les pignons et jongle avec les épices. Par ailleurs, la réputation du fromage de Minorque n’est plus à faire.

Une chef se distingue du peloton, Marga Coll, dont on peut goûter le génie au restaurant Miceli, à Selva www.miceli.es. Cette magicienne des produits locaux, dont l’incroyable tomate Ramallet de Majorque, officie également au restaurant Arrels, du Gran Melià de Mar, à Palma.

. Vins

Majorque produit de très bons vins blancs et rouges. Les vignobles sont plutôt petits et la production limitée, mais la qualité est au rendez-vous. On utilise notamment les cépages Montenegro pour le rouge et Prinsel blanc pour le blanc. L’oenotourisme se concentre autour de Santa Maria et Binissalem.

. Rapporter dans ses bagages

De la poterie, des tissus traditionnels, de l’huile d’olive, de la fleur de sel, des chapeaux et sacs de paille, des objets de cuir, notamment les chaussures Camper, une marque fondée à Majorque en 1975, et des perles… de Majorque, bien sûr!

 

 

                                              

Louise Gaboury