L’albergo diffuso ou, en français, « hôtel disséminé », propose des chambres éparpillées ici et là dans de vieilles maisons restaurées au cœur de villages anciens.
Ce type d’hôtellerie révolutionnaire a vu le jour en Italie. Il a contribué à redonner vie à des dizaines de villages moribonds dans le respect de l’environnement, en évitant de construire de nouvelles structures. Inscrit dans la mouvance du tourisme expérientiel, il permet aux clients de se mêler à la vie quotidienne des villageois dans des lieux authentiques. L’albergo diffuso s’impose comme un mode d’hébergement original en même temps qu’un modèle de développement touristique. Le concept a été développé par Giancarlo dall’Ara, maintenant président de l’Associazione Naziolale Albeghi Diffusi, qui regroupe une cinquantaine d’établissements tenus de respecter les mêmes normes que les hôtels au chapitre de la taille des chambres, et de la nécessité d’avoir un lieu dédié à la réception.
Munta e Cara
Classé depuis longtemps parmi les plus beaux villages d’Italie, le bourg médiéval d’Apricale, en Ligurie, abrite un bel exemple d’albergo diffuso.
Emanuela Pisano est née à Apricale, et ses parents aussi. Elle passe son enfance là avant d’aller poursuivre ses études, puis entamer sa carrière à Turin. Elle garde bien sûr des liens avec son village natal et, à l’aube de la soixantaine, décide de restaurer la maison de sa grand’mère pour en faire un Bed & Breakfast. De fil en aiguille, elle prend connaissance du mouvement des alberghi diffusi et commence à planifier l’achat et la restauration de quelques maisons du village. C’est ainsi que naît Munta e cara, qui signifie « monte et descend » en patois ligure. Effectivement, le village perché est tout en montées et en descentes. Pour aller d’une maison à l’autre, on doit gravir et descendre d’étroites ruelles pavées de pierres inégales, un beau défi pour les voyageurs… et les valises à roulettes.
« Ce qui me plaît dans ce concept, c’est qu’il contribue à mettre le village en valeur », commente Emanuela Pisano. « Les clients qui logent chez nous fréquentent les restaurants qui auraient pu fermer sans Munta e Cara. Nous donnons aussi du travail à quelques villageois. « De plus, en achetant nous-mêmes les maisons, elles évitent de se retrouver entre les mains des étrangers qui n’occuperaient pas les lieux toute l’année et menaceraient ainsi la survie du village. Les alberghi diffusi sont soumises aux lois nationales et régionales. La Ligurie a emboîté le pas en 2008 seulement. Munta e Cara a ouvert ses portes en 2010 en pleine crise. Pourtant… D’année en année, l’auberge s’agrandit au détour des minuscules rues décorées de fresques. Emanuela Pisano les dote de tout le confort moderne sans jamais lésiner sur la qualité, toujours dans le respect des vieilles pierres.
Apricale
Haut-lieu de socialisation, la place de l’église d’Apricale marque les heures. Le matin et après la messe, les villageois viennent prendre leur café, acheter leur journal. En fin d’après-midi, c’est le rendez-vous de la passeggiata et de l’aperitivo, avant que les deux terrasses n’accueillent les clients du soir. Les trois restaurants du village affichaient complet en cette fin d’août, même si le village n’est pas si touristique. Les ruelles ne sont pas tapissées de boutiques de souvenirs et de galeries d’art. Le village n’est en rien artificiel. Ça sent l’authenticité ici. Un petit commerce propose quelques cartes postales et des produits locaux, comme l’huile d’olive. Les villageois comme les touristes peuvent se dépanner dans une petite épicerie. Le tabaccaio vend des journaux, des livres, des cigarettes bien sûr et quelques souvenirs. Les attractions touristiques d’Apricale se limitent à un petit musée et à l’église, mais son charme va bien au-delàv. Apricale est à moins d’une heure de route de Nice. À voir dans les environs, un autre joli village, mais plus commercial, Dolceacqua, connu pour son élégant pont de pierre, et la riviera des fleurs, le jardin botanique Hanbury, la charmante Cervo et la station balnéaire d’Alassio.