Pas folichonne des destinations sud, mais le dernier dur hiver québécois a fait la vie dure à mes principes... Me voilà donc embarquée à Fort Lauderdale à bord d'un luxueux bateau de croisière pour une virée en mer d'une semaine.
Après un embarquement fluide, mon « butler », Albert, en grande livrée, m'accueille dans ma suite. En me présentant un plateau où sont alignés des produits de soin griffés, il s'enquiert si les produits Bulgari qu'il a disposés dans la salle de bain (avec grande baignoire et grande douche!) me conviennent. Sinon, il pourrait me proposer une autre signature tout aussi italienne. Je le rassure. Bulgari me va très bien. Une chose de réglée.
Il me demande ensuite si je veux qu'il ouvre la bouteille de Champagne Pommery Cuvée Louise (tiens-donc!) 1999, gentiment rafraîchie à mon intention. Pourquoi pas? Un petit chocolat Marcolini avec ça? Bien sûr!
Il m'indique ensuite la carte des caviars Petrossian. Oups, ce n'est pas inclus! Et pas donné : jusqu'à 780$ US pour 50 grammes. Nous passons maintenant à la carte des forfaits de vins fins : quatre Chardonnay du Nouveau Monde pour 150$ US, 480$ US pour trois Champagne millésimés, et jusqu'à 1300$ US pour trois très grands Bordeaux. Très bien, mais je me contenterai du Champagne du commun servi à toute heure du jour et de la nuit, à la piscine comme au buffet du midi ou à l'apéro.
À part ces petits extras, tout est inclus, ou presque : le cappuccino ou le Limoncello, la flûte de Champagne, la bouteille de bière ou de Prosecco dans la chambre, les vins au repas, même dans le restaurant Le Champagne, membre de la prestigieuse famille des Relais & Châteaux, où il faut par contre payer 30$ de frais de réservations par personne, et où une carte des vins dans une vaste gamme de prix est par ailleurs proposée.
Silversea se présente comme un produit tout-inclus de luxe. Tout est compris, même le petit-déjeuner au lit quand on réussit à se sortir des draps Pratesi, et même les pourboires! Il ne reste payer que les excursions et, pour les accros, l'Internet (250 minutes pour 85$US).
À bord
La vie s'écoule doucement entre la piscine, les salons, les bars et les restos. Le service, impeccable, se fait discrètement. La clientèle est composée de couples, majoritairement de plus de 40 ans. Pas de très vieilles personnes. Quelques jeunes couples en voyage de noces, mais beaucoup dans la soixantaine qu'on pourrait qualifier d'actif. Ça s'active d'ailleurs dans la marche rapide sur le pont supérieur et au gym!
Les passagers viennent majoritairement des Etats-Unis, mais j'ai rencontré quelques couples d'Italiens et d'Allemands. En général, ce sont des gens qui ont beaucoup voyagé, comme James, un comptable à la retraite vivant à Los Angeles, et ce couple du Connecticut habitué de Montréal et des Cantons de l'est, où ils viennent régulièrement faire leurs courses! Il faut dire que madame est une « foodie ». Des Canadiens aussi, comme les derniers occupants de ma cabine qui sont restés à bord tout un mois, selon Albert...
Et la bouffe, me direz-vous? Excellente! De l'authentique cuisine italienne à La Terrazza, qu'on dit le seul resto en mer inspiré de la philosophie « slow food », qui prépare un buffet on ne peut plus raffiné le midi. En fait la cuisine est partout tellement bonne , y compris au resto asiatique Seishin, que Le Champagne, seul restaurant Relais & Châteaux en mer, a du mal à se distinguer des autres tables du bateau.
Les escales
Si le Sud n'est pas nécessairement ma tasse de thé, j'ai choisi cette croisière en boucle au départ de Fort Lauderdale pour ses deux escales au Mexique, l'arrêt au Belize, que je ne connaissais pas, et celui à Key West, que je retrouve toujours avec plaisir. En prime : deux jours en mer pour tenter de déconnecter...
À Cozumel, j'ai choisi une excursion vers des ruines mayas un peu décevantes. Sur la Costa Maya, au départ d'un port récemment construit à quelques kilomètres d'un village de pêcheurs maintenant dédié au tourisme, j'ai fait une divertissante expédition en jeep jusqu'à une plage paradisiaque. À Key West, je me suis promenée seule, imprégnée de l'ambiance de cette ville qui n'a rien de bien américain. J'en ai profité pour marcher dans les pas d'Hemingway et fraterniser avec les descendants de ses chats. Je me suis laissée tenter par une bouchée de Key Lime Pie. Le bateau n'est pas resté assez longtemps à quai pour permettre aux passagers d'admirer un des merveilleux couchers de soleil qui ont rendu Key West célèbre.
J'ai eu un coup de coeur pour le Belize, ancienne colonie britannique maintenant membre du Commonwealth, seul pays anglophone de l'Amérique centrale. Arrivés à Belize City (qui s'est donné une pimpante façade sur la mer), nous avons pris un bus qui nous a mené jusqu'à la New River où nous sommes embarqués pour une rapide croisière fluviale jusqu'aux impressionnantes ruines de Lamanai. Ce que nous pouvons admirer ne représente qu'une infime partie du complexe construit par les Mayas à la période classique. Elles ont été mises au jour par des archéologues torontois à partir du milieu des années 1970 : temples, palais, jeu de balle, autels, permettent d'en apprendre un peu plus sur cette civilisation disparue. Quoiqu'un peu longue (sept heures, dont deux heures et demie de bus et une bonne heure et demie de bateau), cette excursion a été très appréciée des passagers. J'ai bien aimé la partie croisière fluviale à haute vitesse! Plus rapide que celle d'Internet à bord...