D'abord, il y a eu l'enchantement de Venise : chouette quand même de prendre un bateau pour aller prendre un bateau! Puis il eut l'enchantement de l'Austral. Son personnel souriant et serviable et majoritairement francophone, comme sur tous les navires de la Compagnie du Ponant. L'ambition de cette croisière? Nous faire connaître la Méditerranée comme elle était autrefois, c'est-à-dire au temps où la Sérinissime régnait sur toute la région. En escales nous visiterons quelques villes qui faisaient partie de cet « empire ».
Le petit navire
La vie à bord est un long fleuve tranquille ponctué d'escales facilitées par la taille du navire et la bonne organisation des embarquements et desdébarquements, et par les repas, moments hors du temps au cours desquels, sur le pont ou dans le luxe feutré de la salle à manger, la fine cuisine reprend ses droits.
Classe et convivialité semblent être les maître mots à bord. Le personnel est gentil et souriant, sans être flagorneur ou guindé. Au cocktail du commandant, après le Champagne et les petites bouchées, le commandant y est allé de sa petite chansonnette de "crooner", Love me tender..
Le voyage
C'est à un riche programme de visites que les passagers sont conviés. Partis de Venise, les passagers ont pu découvrir Split et Kor?ula. Un
voyage inoubliable dans l'histoire des royaumes déchus ou conquis, et des guerres meurtrières, mais aussi au pays de la beauté.
La Croatie est populaire. Il faut voir les foules sur les quais de Split, attendant ou descendant des traversiers, et sur les remparts de Dubrovnik, malgré la chaleur, pour s'en convaincre. Sinon, les chiffres parlent d'eux-mêmes: 11,5 millions de touristes en 2011 dans ce pays de 4,500,000 habitants avec jusqu'à 8000 passagers de croisière par jour à Dubrovnik en saison...
Les excursions et les conférences prévues par le personnel de bord de l'Austral nous aident à comprendre la situation délicate de la Croatie, ce pays qui a à peine 20 ans d'âge, malgré des siècles d'histoire.
Coup de coeur pour le Monténégro
L'aventure (très douce) se poursuit au Monténégro pour une brève incursion...Un petit bonjour du Monténégro, une destination inusitée qui ne figure pas nécessairement en tête de liste des rêves de voyages. Pourtant...
L'entrée dans les bouches de Kotor est impressionnante. Et la ville, inscrite au Patrimoine mondial de l'Humanité l'est tout autant, avec ses 4,5 kilomètres de remparts qui griment dans la montagne.
Le Monténégro est une destination balnéaire très courue comme en témoigne la charmante petite ville de Budva, prise d'assaut par les marchands du temple. "Dans les environs", explique notre guide Leila, "les hôtels poussent comme des champignons."
Le pays a connu une histoire mouvementée qui s'est conclue tout récemment par la proclamation de son indépendance. Le pays a connu une brève période monarchique de 1910 à 1916, alors que le roi Nicolas, surnommé le beau-père de l'Europe, plaçait ses pions en mariant ses nombreux enfants à des têtes couronnées, notamment en Italie, en Prusse, en France et en Belgique... À Cetinje, on peut visiter son palais, gardé à l'identique avec le mobilier d'origine et des artéfacts aussi nombreux que variés: vêtements, décorations, armes, cadeaux de souverains européens, etc. Les dépouilles de Nicolas et de sa femme Milena sont conservées dans une petite chapelle sur place.
Après un copieux repas composé de beignets, jambon fumé et fromage, soupe, viande braisée et gâteau, le tout arrosé du vin noir du pays, nous entamons la descente en lacet sur une route de 44 kilomètres qui descend vertigineusement vers Kotor.
"On ne visite pas la capitale Podgorica, qui a été presque entièrement détruite par les bombardements. Il n'y a que l'université et les usines", commente Leila. "Par contre les boues miraculeuses de Kotor attirent des curistes norvégiens en grand nombre. C'est notre première clentèle étrangère", conclut-elle en précisant que le pays a bien besoin du tourisme. "Avec la guerre et l'embargo, nous avons perdu beaucoup. Si tout va bien, nous rattraperons le temps perdu en 2020." Ai-je besoin de vous dire que j'ai adoré,
Contrairement à la Croatie, le Monténégro ne fait pas partie de l'Union européenne, mais utilise l'euro comme monnaie...
Entretien avec le commandant. La croisière dans les îles de Croatie de Venise à Venise à bord de L'Austral de La Compagnie du Ponant est terminée depuis quelques jours, mais elle m'habite encore. En guise de dernière carte postale, je vous fais part des propos à bâtons rompus du commandant pendant le dernier dîner à bord. Eh oui! J'ai été invitée à la table du commandant Roger Van Damme. On ne fait pas plus sympathique que ce commandant. Chez lui, rien d'affecté. Et son uniforme impeccable cache une âme sentimentale. Il pousse volontiers la chansonnette lors des soirées de gala et, de son propre aveu, certaines chansons l'émeuvent particulièrement. "Il m'arrive d'avoir du mal à me rendre à la fin de Ne me quitte pas", affirme ce Français de grand-père belge. Il ne cache pas non plus sa mélancolie à l'approche de la fin d'une croisière. "On s'attache aux passagers", laisse-t-il tomber. Seul maître à bord, il ne s'occupe pas que de navigation. Il est en fait le directeur général du bateau et est tout autant préoccupé d'amener les passagers à bon port que de les y amener dans le bonheur total. "Chaque voyage est une aventure", commente-t-il. "Nous ne savons jamais si la mayonnaise va prendre. La semaine dernière, par exemple, nous avions une thématique familiale avec une cinquantaine d'enfants à bord et ça à été une très belle expérience. À chaque départ, on voit des couples manger seuls, et, au bout de quelques jours, on est contents de voir qu'ils ont fait des rencontres." L'aspect navigation n'est cependant pas négligeable et même pour un court itinéraire dans l'Adriatique, il faut être vigilant. "Il y a beaucoup d'îles et de cailloux." Parlant d'itinéraires, quels sont ses préférés? Il trouve du charme à chacun, même s'il n'a pas vraiment le temps de descendre à terre. Il affectionne particulièrement les destinations extrêmes que sont l'Arctique et l'Antarctique, surtout cette dernière. "Là-bas, les animaux n'ont pas de prédateurs, et on peut en voir des quantités phénoménales", conclut-il. Bon vent, capitaine! |