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Article publié dans le webzine de Octobre 2014

Du voyage au tourisme, de l’intellectuel au culturel


Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les jeunes aristocrates anglais s’embarquaient pour ce qu’on appelait alors le Grand Tour d’Europe visant à compléter leurs études classiques. Ce voyage, véritable pèlerinage intellectuel, durait de quelques mois à quelques années, devait leur permettre de connaître la politique, la culture, l’art et l’histoire des pays européens.

Parmi les destinations incontournables, Paris, Rome, Venise, Florence et Pompéi. Les voyages étaient difficiles et coûteux, mais ils se sont également étendus vers la Grèce, la Turquie, l’Espagne, la Suisse et l’Allemagne… La tradition du Grand Tour s’est poursuivie au XIX e siècle, et les femmes ont pu y avoir accès. On dit que le mot TOURisme vient de là…

Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, le voyage s’est démocratisé, le voyageur est devenu un touriste et la notion de culture est devenue plus englobante, mais les destinations populaires à l’époque sont toujours à l’ordre du jour…

Tourisme culturel: définition

Selon le Programme Européen sur l’impact du tourisme culturel (PICTURE )
« Le tourisme culturel est une forme de tourisme centré sur la culture, l’environnement culturel (incluant les paysages de la destination), les valeurs et les styles de vie, le patrimoine local,les arts plastiques et ceux du spectacle, les industries, les traditions et les ressources de loisirs de la communauté d’accueil. Il peut comprendre la participation à des événements culturels, des visites de musées et monuments et la rencontre avec des locaux. » 

Un produit en croissance

. Selon l’UNESCO, le voyage culturel et patrimonial, en quête d’immersion et d’authenticité, est l’un des segments du tourisme international qui connaît la croissance la plus rapide.

. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le voyage culturel et patrimonial représentait 40% de l’ensemble du tourisme international en 2007 comparativement à 37% en 1995.

À mesure que les voyageurs se livrent à de nouvelles activités de niche, ce type de tourisme se diversifie. Il englobe le tourisme architectural, la visite des sites naturels, référencés ou non par l’UNESCO, et le tourisme marin pour l’exploration de l’héritage subaquatique. On compte également le tourisme religieux et le tourisme gastronomique, l’agrotourisme, les festivals et, sans doute l’activité la plus traditionnelle de toutes, la visite de musées et de galeries d’art.

La croissance des courts séjours et la popularité des escapades urbaines favorisent le développement du tourisme culturel.

. Selon une étude de l’Eurobarometer réalisée en 2009 auprès de la communauté européenne, l’offre culturelle et patrimoniale d’une destination serait un facteur important dans le choix de voyage d’un Européen sur quatre.

. Plus encore, l’enquête d’Atlas Cultural Tourism, effectuée en 2007 auprès de 4600 voyageurs internationaux, indique que la présence d’une offre étoffée et variée constitue le facteur le plus important dans le choix d’une destination culturelle. Les années précédentes, les touristes citaient plutôt l’atmosphère des lieux.

Les attractions culturelles

En général, les touristes culturels connaissent d’emblée les activités auxquelles ils s’adonneront avant leur arrivée à destination. Selon l’enquête d’Atlas, les musées, les sites et les monuments historiques figurent parmi les attractions les plus convoitées par les répondants. Les concerts et les spectacles sont relativement moins achalandés, probablement en raison de la période de temps limitée de leur tenue et des barrières linguistiques.

Identifier le touriste culturel

Un touriste culturel est avant tout en interaction avec son environnement, c’est-à-dire que non content de recevoir, il est également en mesure de donner et de partager avec la culture hôte.

En fait, plusieurs voyageurs, à un degré ou à un autre, délibérément ou « par mégarde », devient un touriste culturel…

Les voyageurs ayant autour de 35 ans représentent un groupe cible pour le tourisme culturel. En effet, le segment de la mi-trentaine a tendance à avoir un revenu élevé, un fort désir de voyager et un grand appétit pour la culture. Selon le rapport Eurobaromètre 2009, les Européens âgés de 54 ans choisissent plus souvent les séjours urbains ainsi que les voyages culturels ou religieux. Ces données laissent supposer que le vieillissement de la population de la plupart des économies occidentales ne fera qu’alimenter l’attractivité du voyage culturel.

Les touristes culturels ont une propension à dépenser plus que les touristes balnéaires ou à ceux s’offrant des vacances de détente. La dépense supplémentaire résulte souvent du transport et des frais d’entrée aux sites.

Internet constitue le deuxième outil d’information le plus utilisé (plus d’un tiers des répondants); la famille et les amis demeurant les plus grands influenceurs. Ce constat renforce l’importance du bouche à oreille dans le choix de la destination.

. Les guides et les brochures conservent leur importance, car on peut facilement les utiliser lorsqu’on se déplace. Néanmoins, le contenu en ligne ou par le biais d’un cellulaire, souvent basé sur la géolocalisation, réinvente l’accès à l’information.

Parmi les motivations les plus évoquées par les adeptes de voyages culturels, on trouve:

le désir de vivre la culture locale et d’expérimenter l’authenticité des lieux (Il ne s’agit plus seulement de voir les icônes principaux du patrimoine, mais de s’immerger dans la culture.);

la volonté d’acquérir des connaissances et de mieux comprendre les populations et l’histoire des lieux.

Tendances destinations

La culture influe sur les décisions de vacances, et les spécialistes du tourisme prévoient que cette tendance se poursuivra. Celle-ci intensifie la concurrence entre les pays qui font face à des touristes avides de construire un catalogue d’expériences de différentes cultures et destinations. La popularité des journées européennes du Patrimoine (20 millions de participants chaque année) et des capitales culturelles de l’Europe (depuis 1985, plus de 40 villes) étaie le dossier.

Les destinations travaillent leur image pour se différencier.

Alors, prêts à monter à bord du train du tourisme culturel ?

Le cas de la France

Selon l’enquête annuelle d’IPSOS/Maison de la France, la culture compte pour la motivation de voyage de 40% à 60% des touristes venus de l’étranger (80 millions d’arrivées) en France.

Au Palmarès des attractions culturelles : quelques chiffres

Le Festival d’Avignon

. Plus de 1000 spectacles sur 3 semaines

. 128 000 spectateurs (1/3 de la région, 25% Paris-île-de-France)

. 8M euros de retombées directes

. 14,8 M euros retombées indirectes

. 22,9 M euros générés

Biennale de Venise

. Avec plus de 475 000 visiteurs, la 55e édition de la Biennale de Venise a été l’exposition la plus visitée d’Italie en 2013

. On surnomme l’évènement la Biennale des « backpackers » à cause du nombre important de visiteurs de moins de 25 ans…

Le Louvre, le Musée le plus fréquenté au monde

. 9,72 millions de visiteurs (2012)

. 9% (830 000) de plus qu’en 2011

69% d’étrangers

Le Louvre-Lens

. 1 million de visiteurs depuis son ouverture (04-12-2012)

. En 12 mois, 20% de + que les prévisions les plus optimistes

20% visiteurs étrangers (70 nationalités)

L’effet Bilbao

. 900 000 visiteurs par an, soit plus de deux fois l'objectif initial de 400 000 visiteurs, dont deux tiers viennent de l’étranger.

. Le bâtiment lui-même figure parmi les plus grandes réalisations architecturales des 30 dernières années. L’édifice conçu par Franck Gehry aura marqué l’histoire.

 Aussi

 Cézanne au Musée Granet (2006)

450 000 visiteurs (140 000 + que prévu) et 1 million d’entrées sur l’ensemble des manifestations.

. Retombées de 65 millions d’euros (34 millions d’euros en nourriture et hébergement)

Claude Monet au Grand Palais (2010-2011)

900 000 personnes

Normandie impressionniste (2010)

200 000 visiteurs à l’expo « Une ville pour l’impressionnisme.

500 000 visiteurs pour l’ensemble des manifestations, dont 1/3 d’étrangers.

400e anniversaire de Rembrandt (2006)

 + de 400 000 visiteurs et + de 50% plus de forfaits vendus en France vers les Pays-Bas

Mozart à Salzbourg (2006)

 +30% de visiteurs qu’en 2005

 

Louise Gaboury