Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Plus Partager sur Flipboard
Article publié dans le webzine de Juillet 2016

Suisse : Carouge avec un Greeter


Un peu partout dans le monde, les Greeters proposent des visites guidées conviviales menées par des gens comme vous et moi qui adorent leur ville. Le chapitre genevois des Greeters existe depuis moins de deux ans, mais il peut déjà compter sur 27 guides bénévoles parlant à eux tous pas moins de 14 langues.

La visite d’aujourd’hui, pilotée par Jean-Pierre Zimmermann, un Genevois qui a également vécu ailleurs en Suisse, s’attarde à Carouge. En « liberté professionnelle » comme il qualifie sa retraite, il partage son temps entre des actions humanitaires auprès des jeunes et des visites comme Greeter. L’été, depuis plusieurs années, il parcourt l’Amérique du Nord dans tous les sens. Il avoue avoir passé un total de 32 semaines au Canada ces dernières années, ce qui lui a laissé assez de temps pour visiter les Îles-de-la-Madeleine…

Jean-Pierre Zimmermann est allé à l’école à Carouge et, même s’il a quitté la commune depuis longtemps, il y revient au moins une fois par mois, attiré par sa vitalité et la puissance  de ses souvenirs d’enfance. Ce quartier branché, auquel on accède en tram depuis le centre, contraste avec la rigueur de Genève. Ici, les maisons n’ont pas plus de deux étages et sont colorées, lointain héritage italien. C’est que Carouge, séparée de Genève par l’Arve, a été fondée par le duc de Savoie au XVIIIe siècle pour concurrencer la ville de Calvin.

Déjà à l’époque romaine, Carouge, était un carrefour qui jouait un rôle essentiel sur l’axe nord-sud. Sa position est demeurée longtemps stratégique sur les routes de Grenoble et Lyon. Au milieu du XVIIIe siècle, un des nombreux traités de Turin rattache Carouge au royaume du Piedmont-Sardaigne, ce qui marque le début de son essor. La ville s’est développée de façon exponentielle en une vingtaine d’années, après la conception d’un plan de développement auquel on doit ces jolies rues un peu provinciales et ces pâtés de maisons au milieu desquels ont été aménagés des jardins, certains privés, d’autres publics.

De 600 habitants en 1772, Carouge passe à près de 5000 en 1786. À l’époque, sa vocation est surtout commerciale, elle abrite beaucoup de petits artisans. En réaction à la calviniste Genève, Carouge est un exemple de tolérance. L’église catholique voisine le temple protestant et la synagogue. On y trouve même un cimetière israélite.

Carouge a connu une brève période d’industrialisation en abritant notamment une fabrique de biscuits et une de cornichons. Les années 1950 ont vu la désindustrialisation et dans les années 1980-1990, la commune est devenue une sorte de Greenwich Village. De nombreux Genevois fréquentent toujours aujourd’hui les bars et restaurants de ce quartier branché, s’il en est un. Déjà, au XIXe siècle, Carouge a compté jusqu’à 300 restaurants et cabarets, et les habitants de l’austère Genève venaient s’y encanailler. Il y a toujours de l’animation le soir, mais des boutiques de mode, des bureaux de praticiens en médecine alternative y ont maintenant pignon sur rue.

La vie culturelle fait partie de l’ADN de Carouge, avec des théâtres, et le cinéma Bio, qui s’appelait Vox et a changé de nom pour sortir de ses difficultés financières et se retrouver en tête de liste alphabétique, symbole du sens de l’humour des habitants de Carouge.

La promenade dans le quartier est on ne peut plus agréable. Tranquille les après-midis de semaine, il est plus animé le soir ou le samedi matin, jour de marché. Il fait toujours bon y flâner et découvrir les jardins secrets, les vestiges romains exposés à la mairie, le petit musée et les fontaines signées Blavignac, un personnage, né protestant à Genève et mort catholique et pauvre à Carouge.

De retour dans le centre de Genève, mon guide me fait remarquer le bas-relief de la tour du Molard où Lénine illustre la mention « Genève cité de refuge ». À méditer…

www.genevagreeters.comn

www.carouge.ch

Louise Gaboury