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Saint Cirq-Lapopie


Saint-Cirq-Lapopie tient son nom d'un rocher en forme de poitrine qui dominait autrefois le village. En langue d'oc, popie signifie poitrine. Le mot cirque fait référence à la falaise. On parlait donc du cirque de la popie. Le roc s'est érodé, mais le nom est resté. Les Chrétiens l'ont sanctifié (on prononce Saint-Cyr). Le cirque de la popie est devenu Saint-Cirq-Lapopie, un des 160 plus beaux villages de France et haut lieu de la vallée quercinoise du Lot, dans la région de Midi-Pyrénées.

Saint-Cirq semble avoir poussé sur cette falaise qui surplombe le Lot. Il fait corps avec elle grâce à l'homogénéité des matériaux utilisés pour construire ses maisons, pierre calcaire, tuile d'argile locale et chêne du Causse. Le village compte une concentration exceptionnelle de maisons originales bâties du XIIIe au XVIe siècles, alignées le long de ruelles étroites dominées par les vestiges de forteresses datant du Moyen Âge et par son église du XVIe siècle érigée sur une ancienne chapelle romane.

Situé à plus d'une centaine de kilomètres au nord de Toulouse et à moins de 25 kilomètres à l'est de Cahors, le village est en majeure partie classé monument historique. Perdu dans un écrin de verdure, cet endroit calme et paisible qui ne compte pas plus de 30 habitants en hiver, reçoit jusqu'à 500 000 visiteurs chaque année, dont les trois-quarts l'envahissent en juillet et août. C'est en basse saison qu'on peut en apprécier tout le charme en parcourant doucement ses petites rues étroites. Il faut prendre le temps d'examiner les façades à la recherche des détails architecturaux inusités, et s'arrêter pour échanger avec les artistes qui y ont déposé leurs pénates et occupent maintenant les ateliers où travaillaient les roubinetaïres, ces artisans qui ont fait, il y a longtemps, la renommée du village.

La rudesse du climat du plateau des Causses fait pousser les arbres très lentement sur les hauteurs du village, dotant le bois d'une qualité et de propriétés particulières. Profitant du bois fourni par la forêt au-dessus de leur tête et de la rivière à leurs pieds, les habitants de Saint-Cirq ont fabriqué des objets de bois qu'ils ont expédiés par la rivière. Au Moyen Âge, les tourneurs fabriquent des écuelles et des gobelets. À partir de 1810, le village connaît la gloire et la fortune en fournissant à toute l'Europe des robinets de bois pour les barriques à vin. Patrick Vinel dernier survivant d'une dynastie de cinq générations de robinettiers-tourneurs de bois, est le seul à perpétuer la tradition dans son échoppe de la rue principale.

L'empire du robinet de bois écroulé, le village sombre dans la misère et dans l'oubli. « La pauvreté aura finalement sauvé le village », explique la guide. « Il est resté tel quel parce que personne n'avait plus les moyens de changer quoi que ce soit à sa maison. » Au début des années cinquante, le poète surréaliste André Breton le tire de son long sommeil. « J'ai cessé de me désirer ailleurs », écrit-il. En plus de l'harmonie du paysage, il est heureux d'y trouver des agates, une pierre pour laquelle il s'était découvert une passion qui l'avait mené en Gaspésie à l'été 1944. De 1952 à 1966, Breton vient passer ses étés ici, entraînant avec lui d'autres artistes, comme Man Ray et Foujita.

L'Office de tourisme propose des visites guidées tous les jours en saison. Une maison du XVe siècle abrite le Musée Rignault qui conserve les trésors du collectionneur Émile-Joseph Rignault. Le jardin du musée jouit d'une vue exceptionnelle sur la vallée du Lot. Le château présente des expositions d'oeuvres surréalistes tour les étés. À la Maison de la Fourdonne, où est logé le Musée de la Mémoire du village, la collection permanente immortalise le savoir-faire des tourneurs de bois de Saint-Cirq. On peut également y voir une sélection de cartes postales anciennes du village.

Louise Gaboury