Le mouvement cittàslow vise à valoriser le bien-vivre, le développement durable et local.
Le mouvement Slow a pris racine en Italie, en 1989, avec l’arrivée du Slow Food qui prône un retour à une alimentation locale saine et promeut le plaisir de manger, les traditions culinaires, ainsi que certaines formes d’agriculture, de production artisanale et d’approvisionnement. C’est dans la foulée du Slow Food qu’émergent les Slow Cities (Cittaslow, en italien), une dizaine d’années plus tard. En novembre 2017, le réseau international Cittaslow comptait 236 villes réparties dans 30 pays.
Adhérer au mouvement Slow Cities implique une réflexion autour des pratiques environnementales, des traditions locales, de l’aménagement du territoire, de la mobilité, de l’hospitalité et du bien-être en général. Toutefois, seules les villes de moins de 50 000 habitants peuvent aspirer à ce titre. Pour ce faire, elles doivent répondre à une charte comportant plus de 70 critères. On y encourage, notamment :
- la mise en valeur du patrimoine historique ;
- la commercialisation de produits locaux, du terroir, de l’artisanat local ;
- la préservation des coutumes ;
- la valorisation des savoir-faire et du patrimoine architec tural local à travers la rénovation de bâtiments anciens, de fermes, etc. ;
- la création d’événements locaux culturels ;
- la multiplication des espaces verts et des zones piétonnes, le développement de pistes cyclables et de réseaux de transports alternatifs ;
- la réduction de la consommation énergétique ;
- le développement des commerces de proximité ;
- la mise à niveau des équipements pour favoriser l’accessibilité aux personnes handicapées.
Le contrôle du respect de la charte est prévu tous les cinq ans pour chaque ville ou village.
Un outil de revalorisation du territoire
L’affiliation au réseau Cittaslow offre aux petites municipalités une visibilité internationale qu’elles pourraient difficilement obtenir autrement. Segonzac, première commune de France à avoir obtenu le label international, cherchait un moyen de revaloriser son territoire lorsqu’elle a eu vent de l’existence des « villes lentes ». Idem pour Mirande, qui a connu le label grâce à son jumelage avec la ville italienne San Mauro Torinese, également membre du réseau. À Saint-Antonin-Noble-Val, Cittaslow a permis la revitalisation des commerces du centre-ville, alors qu’un supermarché s’installait en périphérie. À Labastide-d’Armagnac, l’adhésion à Cittaslow est apparue comme la solution pour donner un nouvel essor au village, les élus espérant attirer de nouveaux résidents après avoir connu une baisse importante de leur population au fils des ans.
Un enjeu : se démarquer
Comme c’est le cas pour de nombreux labels, l’un des défis est de parvenir à se démarquer pour se développer. L’affichage du logo Cittaslow sur les sites Web et dans la signalisation des villages membres constitue un pas dans la bonne direction. Le réseau polonais a su tirer parti de la certification en créant une publication regroupant les attractions de chaque petite ville sous forme de circuits, suggérant plusieurs itinéraires de voyages pour permettre aux visiteurs de ressentir leur atmosphère unique.
En effet, selon des élus de Segonzac et de Labastide-d’Armagnac, les retombées sont importantes à tous points de vue : économique, touristique et médiatique; elles le seront davantage avec le développement du réseau français.
Un concept qui séduit aussi les grandes villes
Même si créer des « villes lentes » dans les grandes régions métropolitaines peut sembler une contradiction, ce mouvement a suscité l’intérêt de grandes villes, particulièrement de Barcelone, San Francisco, Rome et Milan. Le projet Cittaslow Metropole, qui se voulait une tentative d’appliquer les principes des Slow Cities aux grandes villes modernes, n’a malheureusement pas vu le jour. Se conformer aux exigences du réseau peut s’avérer contraignant pour les villes de grande envergure. Cependant, les grandes villes peuvent prendre part au mouvement en devenant des supporteurs qui adhérent à l’éthique générale des « villes lentes ». Les partisans sont des entrepreneurs et des organisations qui soutiennent les valeurs du réseau dans leur propre municipalité. Ils sont autorisés à utiliser les logos de Cittaslow et de la municipalité qui les ont désignés comme supporteurs pour leur commercialisation.
Et au Québec ?
2017, le Québec comptait 1267 municipalités de moins de 50 000 habitants, soit la presque totalité de la province (98,5 %), selon l’Institut de la Statistique du Québec. Une partie d’entre elles applique probablement déjà les principes du mouvement CittaSlow sans le savoir : qualité de vie, authenticité, produits locaux, offre culinaire régionale, mise en valeur du patrimoine, etc. Y adhérer et le promouvoir ajouterait une corde à leur arc. Cela stimulerait le tourisme régional et rural en offrant aux visiteurs un label de qualité. Après tout, la certification répond aux attentes des touristes d’aujourd’hui : intérêt pour les produits locaux, recherche d’expériences authentiques, désir de rencontrer la population locale et les producteurs.
Source : veilletourisme.ca