Il y a cinq ans, j’étais à Venise. Pour vrai. J’y suis retournée depuis, et, si tout va bien j’y séjournerai de nouveau en octobre. En attendant, et au cas où, je m’y promène virtuellement.
Le vol s’est bien déroulé. Quand l’avion amorce sa descente, je ne peux m’empêcher de penser au personnage du roman à quatre mains de Frutteroet Lucentini, monsieur Silvera, le guide que les passagers interpellent au début de L’amant sans domicile fixe.
Pas d’embouteillage au contrôle des passeports comme la dernière fois. Je me dirige vers les embarcadères pour prendre le bateau d’Allilaguna qui m’emmènera à San Marco. C’est un tel plaisir d’arriver à Venise. En train, on laisse la terre derriière en franchissant le Ponte della libertà, mais je préfère voguer vers Venise. Je pense à une fois où j’y suis arrivée en bateau, après avoir navigué sur le Sile. Mais sur ce bateau jaune surchargé de valises et de voyageurs, émerveillés ou indifférents face à la poésie de la lagune, je ressens chaque fois la même émotion.
Je descends du bateau à San Marco où je me dirige en évitant, comme les Vénitiens, de passer entre les deux colonnes de la piazzetta San Marco. Après une petite pause «émerveillement » (oh que non, je ne suis pas blasée!) devant le Palazzo ducale, le campanile et l’éblouissante Basilica San Marco, qui a tant souffert en novembre dernier de l’acqua alta. Je lui tourne le dos pour traverser la piazza. C’est la seule place qui mérite ce nom à Venise, les autres sont des « campi » (campo San Angelo, etc.). Longeant les procuratie nuove, je passe devant le Caffè Florian, qui fêtera ses 300 ans l’an prochain, puis devant l’Office de tourisme avant de m’engager dans la salizzada San Moise, puis dans la Calla Larga XXII Marzo et la calle delle Spezier. Je garde le cap, du campo della Feltrina, jusqu’au campo Santo Stefano, en passant par le campo San Maurizio, en admirant au passage les vitrines des grandes marques du luxe, celle d’une petite papeterie et de quelques galeries d’art, dont le Bel-Air Fine Art et sa petite cour où sont exposées quelques œuvres des grands noms représentés ici. J’y ai déjà admiré des œuvres de Jeff Koons et de Carole Feuerman.
Au fond du campo Santo Stefano dominé par l’église du même nom, terminée su XIVe s., et par la statue de l’écrivain Niccolo Tomasseo, je prends la calle delle boteghe avant de prendre tout de suite à gauche la calle delle Munegheoù est mon hôtel, un modeste ancien couvent, Domus Ciliota.
Je défais ma valise. Il se fait tard et avec l’effet du décalage horaire, je suis un peu trop fatiguée pour sortir ce soir. Je vais me contenter d’un aperitivo dans le Dosoduro. De retour sur le campo Santo Stefano, je me dirige vers le ponte dell’accademia qui traverse le canal grande et mène à la Galleria dell’Accademia, un des importants musées vénitiens. Je tourne à droite jusqu’au rio San Trovaso où se trouvent plusieurs bacari très fréquentés en fin de journée. Un d’entre eux, al squero, fait face au squero di san Trovaso, un endroit où on fabrique et répare des gondoles. C’est ici que se termine ma première journée imaginaire à Venise devant une flute de Prosecco et quelques cichetti. Ci vediamo domani! Buona notte!