Entrevue avec Anne Marie Babkine, co-fondatrice de EchangeVacances.com et HomeChicHome.com
. Depuis quand EchangeVacances.com existe-t-il ?
EchangeVacances.com est en ligne depuis 2005. À ce moment là, il y avait encore très peu de sites en français (de mémoire, il n'y en avait que deux autres), ce qui fait que nous avons eu un raz de marée francophone. Plus de 860 membres sur 19 000, indiquent le français comme langue de communication. On les retrouvait principalement en France, au Québec et dans les Dom Tom.
. Combien d'échanges se concluent-ils chaque année ?
À part l'envoi de la demande d'échange originale qui se fait par l'entremise d'un formulaire sur le site, les négociations liées à l'échange relèvent de la sphère privée et nous ne savons pas exactement combien d'échanges se concluent par année. De temps en temps un membre communique avec nous pour une raison ou une autre et j'apprends qu'il a échangé avec tel autre membre, mais je n'en sais malheureusement pas plus. Nous lançons quelques fois des appels à témoin pour une interview et je reçois alors des courriels faisant état des échanges conclus.
. Combien de maisons composent le portfolio de Home ChicHome?
En date de ce jour, nous comptons 809 maisons sur le site. On les trouve dans 76 pays, mais les pays les mieux représentés sont la France (187 maisons), les États-Unis (142), le Canada (82), le Québec (55), l'Australie (54), le Royaume-Uni (34).
. Comment ont-elles été choisies?
Les personnes intéressées inscrivent leur maison sur le site, mais nous nous permettons de refuser certaines inscriptions si la maison ne correspond pas aux critères que nous privilégions (originalité, bon emplacement, qualité), d'autant que l'inscription est gratuite. C'est par contre rare car le dicton "qui s'assemble se ressemble" fait que les gens sont assez réalistes par rapport à ce qu'ils offrent. Les maisons qui ne se qualifient pas se voient offrir un abonnement Basic sur EchangeVacances.com. Nous demandons parfois des photos supplémentaires aux personnes intéressées pour mieux faire valoir leur maison.
. Comment justifie-t-on l'inscription d'une maison sur le site? Sa situation? Son ameublement? Sa décoration? Son architecture? Y a-t-il des normes minimales?
Tous ces critères entrent en ligne de compte. Nous évaluons le bien dans sa globalité. Tout est aussi question d'offre et de demande. Par exemple, pour une destination prisée (ex. Manhattan), nous serons moins sévères. Il faut cependant que le bien offre un certain niveau de confort et d'harmonie en termes de décoration et de situation. Pour une ville où nous avons beaucoup d'offres, mais qui est peu en demande, nous collerons de plus près aux critères demandés.
. Sont-ce des maisons inscrites sur ÉchangeVacances qui ont eu une "promotion"?
Originalement oui, pour créer l'achalandage initial. Personne ne serait intéressé à s'inscrire sur un site s'il n'y avait pas un nombre minimal de maisons à échanger. Nous avons prévenu les membres concernés qui ont toujours l'option de se désinscrire. Peu l'ont fait.
. Qui sont les adeptes de l'échange de maisons ?
Généralement, on pourrait penser que ce sont les gens qui ont des revenus modestes qui échangent, mais par les maisons qu'on voit inscrites sur les sites et par notre expérience, on constate que le gros des gens qui échangent appartiennent plutôt à la classe moyenne supérieure.
. Que demande-t-on aux propriétaires qui veulent échanger ce type de maisons? Des garanties? Un certificat de bonne conduite? Un numéro de passeport?
Tout relève des membres, dans le processus de discussion de l'échange. Nous avons un contrat type en français et en anglais qui peut être modifié pour s'adapter à plusieurs situations et qui peut être utilisé, un peu comme une liste de choses qu'on ne doit pas oublier de discuter, même si on choisit de ne pas le signer. Tous les sites de ce genre fonctionnent de la même façon, car ce sont des sites de petites annonces. Il nous est physiquement impossible d'aller visiter toutes les résidences et d'offrir des garanties. S'il nous fallait le faire, les frais d'inscription seraient très importants. Nous encourageons cependant nos membres à faire des vérifications de base avant de se commettre. Avec les outils qu'on trouve sur Internet, il est très facile de faire ces vérifications. À partir du moment où on a par exemple une adresse postale, on obtient une vue par satellite très facilement. Même chose pour le nom des gens avec qui on échange, leur employeur, etc. Le processus de conclusion d'un échange nécessite des discussions et un échange d'information entre parties intéressées avant l'engagement final. Nous encourageons également les gens à communiquer entre eux par téléphone pour discuter des modalités de l'échange. Tout le processus se fonde sur la confiance réciproque et il faut que les membres l'établissent avant que l'échange ne soit définitivement conclu. Les membres peuvent demander des référence d'autres membres avec qui il y a préalablement eu échange s'ils le veulent.
. Les Québécois sont-ils très actifs sur ce marché?
Les Québécois sont très actifs, considérant le fait que nous sommes peu nombreux sur cette planète. Ce sont des voyageurs avides, curieux et ouverts. Leurs courriels sont très positifs, lorsque j'ai des contacts avec eux.
. L'échange de maisons est là pour rester ?
Il y a de plus en plus de sites d'échange, mais si on additionne le nombre total de maisons qui s'y trouvent on n'arrive à pas plus d'un million. Le potentiel est énorme. Dans une perspective de tourisme durable, c'est un non sens qu'une maison reste vide pendant les vacances et qu'on continue à bétonner des bords de mer et autres hauts lieux du tourisme. Pour certains, le fait de savoir leur maison habitée pendant qu'ils sont partis, les rassure. À priori, on pense à l'échange de maisons pour étirer un budget vacances, mais les gens (nous entre autres) qui sont accros, privilégient la formule pour ce qu'elle a de convivial et les gens qu'elle fait rencontrer. Notre premier échange de maisons, en 2004, a eu lieu à Hawaii et après nos onze heures de vol (nos fils étaient petits), nous étions très contents d'être accueillis à l'aéroport par des amis de la famille avec qui nous échangions. On sent une tendance vers les échanges de longues fins de semaine. Il est certain que la plupart des gens échangent pour les grandes vacances, mais on en est là. En Europe, il est très facile de rayonner à partir d'une ville.