Li Calendo!

Temps de fêtes longuement préparées et profondément pensées dans le respect des traditions, la ferveur et l'émotion des rites. Durant cette quarantaine de jours, toute la culture provençale revit. Crèches, santons, cantiques et pastorales, sans oublier le gros souper et ses 13 desserts, animent ce moment émouvant où brille l'espoir d'un renouveau.

La Sainte-Barbe

Sainte Barbe a vécu au IIIe siècle. Patronne des mineurs et des artificiers, elle est fêtée le 4 décembre. Ce jour-là, en Provence, on sème dans plusieurs soucoupes dans lesquelles on aura déposé auparavant une couche de mousse fraîche, quelques grains de blé ou des lentilles arrosés d'un peu d'eau. Pendant les 20 jours qui séparent la Sainte Barbe de Noël, ces graines germeront et formeront de jolies touffes vertes, promesses des moissons futures. Le 25 décembre, si les grains ont bien germé, on dit que la récolte sera bonne. Si les grains ont pourri, il faut s'attendre à de tristes moissons... La plus belle des soucoupes sera placée sur la table de Noël; les autres iront dans la crèche, parmi les rochers et les buissons.

La crèche provençale

La crèche authentique est en fait une représentation idéale du village provençal où chacun a sa place, y compris les animaux domestiques. On y retrouve les manifestations de la vie communautaire avec ses maisons, son puits, son four, l'eau du moulin, la neige, les pins, les oliviers, et le ciel illuminé, puis, une étable avec l'enfant Jésus, la vierge Marie, Joseph, l'âne et le boeuf, l'étoile à queue de comète ui guidera plus tard les rois mages, et la foule qui lui rend visite. En général, on ne défait la crèche que le jour de la Chandeleur.

On trouve les plus belles crèches à l'église du village de Grambois, à celle de Saint Saturnin les Avignon, à la chapelle Sainte Thècle à Séguret, aux églises Notre-Dame de Nazareth de Valréas et de Pernes-les-Fontaines, à l'église St Siffrein de Carpentras, à l'église Saint Nazaire de Beaumes-de-Venise, à l'église Notre-Dame de l'Assomption à Châteauneuf-du-pape, à l'abbaye Notre-Dame-de Bon Secours à Blauvac, à l'église de Nazareth  à Monteux, et à Avignon, aux églises Saint Agricol et Saint Didier, Notre Dame des Doms et à la chapelle du Palais du Roure.

Les santons

Le santon est un phénomène purement provençal qui s'intègre totalement dans les traditions calendales. Le mot vient du provençal « santoun »qui signifie « petit saint ». Ces petits personnages font référence à la pastorale Maurel, mais dans certaines villes et villages, on ajoute des personnages locaux. Le premier santon est d'origine marseillaise, le moule le plus ancien étant celui de Lagnel. On peut le voir au musée du Vieux-Marseille.

Tous les santons sont issus d'un moule original représentant de populaires personnages provençaux que le santonnier laisse sécher avant de les vernir. Il fabrique ensuite un moule, généralement en plâtre, plus rarement en résine. Le santon est ensuite ébarbé au socle et dans son pourtour avant une deuxième pression à  la main sur le moule. On le laisse sécher à l'ombre, puis on l'ébarbe à nouveau une fois sec.Il est le plus souvent cuit. On peint à la gouache les couleurs les plus claires, puis les plus foncées.

Il existe trois tailles de santons. Le santon puce ne mesure que de un à trois centimètres de hauteur, le santon traditionnel de la hauteur d'un pouce et le grand santon qui peut atteindre de 18 à 20 centimètres. Ceux qui sont habillés sont généralement de grande taille.

Plusieurs personnages ont été inspirés du folklore et de la tradition, comme celui du berger offrant l'agneau, rappel du partage, et celui de la femme à la poule noire dont le bouillon était recommandé aux nouveaux-nés. On trouvera également dans la galerie de santons tous les petits métiers du siècle dernier, le boulanger et son panier de fougasses, la marchande d'ail, la poissonnière, les valets de ferme portant des lanternes, le pêcheur et son filet sur l'épaule, et quelques personnages typiques. Roustido est une sympathique bourgeoise dont le parapuluie rouge est tenu par son mari. Bartomiou représente l'incorrigible ivrogne coiffé d'un long bonnet de coton qui présente à l'enfant Jésus une morue plate et sèche, Pistachié, le grand dadais qui conduit un âne chargé de sacs de blé et Lou Ravi, qui lève les bras au ciel en signe d'admiration.

Naïfs et drôles, familières, mais dignes, ces personnages qui font la joie des petits comme des grands se retrouvent autour de la Sainte Famille. Les rois Mages ne les rejoignent que le 6 janvier.