Quand on pense « Hollande », on pense à l'eau, l'ennemi des Hollandais, qui a été domestiquée pour enrichir le pays de terres fertiles. On pense aussi aux légendaires vélos des Hollandais. L'eau et le vélo font partie de l'histoire et de la culture des Pays-Bas. Les parcourir en voguant et en pédalant nous emmène au coeur du pays.
Des moulins à vent et des tulipes avec ça ? N'ayons pas peur des clichés : l'itinéraire péniche/vélo du sud permet d'apercevoir des dizaines de moulins et, au printemps, il emprunte la route des plante à bulbes. Bienvenue dans le monde du voyage lent, le « slow travel », où on avance doucement, au fil de l'eau et à la force de nos mollets.
Journal de bord
Jour 1 :
C'est aujourd'hui le début du périple péniche/vélo sur la route du sud de la Hollande. J'arrive pour 16 heures au bateau, amarré près de la gare centrale, après une belle promenade dans les rues d'Amsterdam, où j'ai pris le temps de goûter quelques spécialités locales, bitterballens et croquettes, sur une terrasse ensoleillée. Notre guide Sietse et le capitaine, Jan, nous expliquent le déroulement de la semaine et les règlements à bord. Nous faisons connaissance autour d'un café.
Nous sommes 26 : six Américains, six Canadiens anglais, huit Français, trois Japonaises, deux Anglais et moi ! Ma cabine, meublée d'un lit à deux étages et d'une étagère, est confortable et j'ai une salle de bain privée avec douche. La preuve que les Hollandais sont grands : je dois me hisser sur la pointe des pieds pour me voir dans le miroir ! Ce n'est pas le luxe, mais c'est tout à fait convenable. Il n'y a ni télé ni accès Internet à bord, mais j'ai le temps d'aller envoyer un dernier message à la superbe bibliothèque publique voisine où l'accès est gratuit sur les nombreux ordinateurs mis à la disposition des lecteurs.
Nous sommes libres jusqu'au souper. Après ce premier repas sur le Liza Maarlen, qui nous servira d'hôtel flottant pour la semaine, nous partons essayer nos vélos et rouler un peu en ville sous la houlette de notre guide qui (quel bonheur !) s'exprime très bien en français.
Jour 2 : 45 km
Temps splendide pour le grand départ. Un petit traversier nous amène de l'autre côté de l'Ij. Après avoir pédalé dans Amsterdam Nord, nous arrivons dans le 't Twiske, un grand parc récréatif dont le tiers est occupé par l'eau. L'endroit est peuplé d'oiseaux aquatiques (hérons, oies et variétés de canards). Comme c'est dimanche, nous croisons des centaines de cyclistes et des dizaines de pêcheurs. Les magnolias, les forsythias et les jonquilles sont en fleurs.
Nous arrêtons à Zaanse Sanchs, un petit village traditionnel reconstitué, le temps d'un café. Nous pique-niquons un peu plus loin.
Sietse nous a réservé une surprise. Un peu avant d'arriver à destination, nous arrêtons dans un musée d'orgues de barbarie bizarrement situé dans le quartier industriel de la ville, le temps d'y admirer de splendides spécimens de plus de 100 ans, admirablement bien conservés. Il est presque 5 heures quand nous rejoignons le bateau ancré à Haarlem. En soirée, Sietse, un passionné d'histoire, nous propose une agréable visite guidée de la ville à pied.
Jour 3 : 40 km
Il fait toujours beau, mais le temps se rafraîchit. Nous mettons le cap sur Leiden, au milieu des odorants et colorés champs de jacinthes avec une halte au jardin de Keukenhof d'une incroyable richesse. Le jardin de Keukenhof, qui sert de vitrine aux producteurs de bulbes de la région, est ouvert de la mi-mars à la mi-mai. La dernière édition rendait hommage à la Russie. En 2011, ce sera au tour de l'Allemagne. Le Keukenhof est actuellement au plus beau de sa floraison. C'est une explosion de couleurs et de parfums dans le jardin comme dans les serres. Nous y passons des heures de pur bonheur. Nous pédalons ensuite jusqu'à la très belle ville de Leiden que nous visitons à pied en soirée avec Sietse.
Jour 4 : 45 km
Beau et frais, ce matin. Avant de rejoindre La Haye, nous faisons un détour par la plage. Le vent souffle fort et les dunes représentent un certain défi. J'ai l'impression d'avoir gravi la pénible montagne du Hollandais... Le petit café siroté sur la plage, à l'abri du vent, est le bienvenu.[slideshow id=64]
Sur la route de La Haye, où la circulation s'avère pénible, nous admirons les belles et riches propriétés des ambassadeurs étrangers et du personnel politique néerlandais. Nous laissons nos vélos dans un stationnement gardé directement en face du Parlement hollandais et nous partons individuellement à la découverte de la ville. Le musée Mauritshuis a ma préférence ; il est petit, mais d'une richesse incroyable. C'est ici qu'on peut admirer la jeune fille à la perle de Vermeer. À l'entrée de Delft, nous nous arrêtons dans une fabrique de faïence avant d'arriver au bateau, le temps d'apprendre le processus de fabrication, et la raison du prix élevé de ces petites merveilles bleues et blanches...
Jour 5 : 30 km optionnels
Aujourd'hui, exceptionnellement, le bateau reste amarré à Delft et nous avons quartier libre, soit poir visiter Delft, soit retourner à La Haye, pousser jusqu'à la plage (brrr!! un peu trop froid...), ou encore, aller à Rotterdam. Je choisis de rester dans cette petite ville médiévale que je retrouve avec plaisir. La ville est un peu comme une Amsterdam en miniature.
C'est agréable de se promener dans les petites rues qui bordent ses canaux, et sur sa superbe Place du marché. J'en profite pour faire quelques achats et prends le temps de garder le contact sur Internet dans un sympathique café situé derrière l'hôtel de ville. L'après-midi, Sieste nous propose une petite promenade facultative à vélo dans la campagne environnante qui s'avèrera plus ardue que prévu...
Jour 6 : 42 km
Nuageux et frais. Froid, même. Nous naviguons jusqu'à Rotterdam sur un canal bordé de maisons, de fermes et d'entrepôts avant d'enfourcher nos vélos en direction de Nieuwpoort. Après un petit trajet en bateaubus, nous pédalons à travers des champs où paissent vaches et moutons jusqu'aux moulins de Kinderdÿk, le temps d'une pause photo.
Dans les champs, l'odeur printanière du fumier a remplacé le parfum des jacinthes. Une halte dans un charmant café où la clientèle locale vient fraterniser et jouer aux cartes nous permet d'éviter une averse. Nous pique-niquons à Bergambacht et faisons une pause photo et café dans le typique village de Schoonhoven avant de rejoindre le bateau.
Jour 7 : 53 km
Le Liza Marleen a levé l'ancre à l'aube. Le soleil est de retour. Nous passons les impressionnantes écluses du canal Amsterdam-Rijn et nous quittons le bateau à Breukelen, un joli village qui a donné son nom à Brooklyn, le quartier de New York. (N'oublions pas que New York s'est d'abord appelée New Amsterdam !)
Nous pédalons allègrement le long de la rivière Vecht. Sur la route, de très belles maisons appartenant à de riches commerçants. Se succèdent jolis villages paisibles, petites villes idylliques, canaux, rivières et ruisseaux. Nous longeons finalement l'Amstel jusqu'à Amsterdam où nous arrivons au terme du voyage, dont la dernière partie a été rudement gagnée contre un solide vent de face. Ce soir, la cuisinière, Sabine, nous prépare un festin d'inspiration indonésienne. Infatigable, Sietse nous entraîne à travers les rues d'Amsterdam jusqu'à un sympathique café où nous prenons dernier verre ensemble.
Jour 8
Le soleil brille sur Amsterdam. Nous nous retrouvons une dernière fois autour du buffet du petit déjeuner. Chacun repart de son côté. Il me reste 24 heures à passer à Amsterdam. Comme j'ai déjà visité le musée Van Gogh et le Rijksmuseum, j'ai envie de flâner un peu, mais je tiens à voir la vielle église Oude Kerk, mentionnée par John Irving au début de son roman Until I find you. Bizarrement située à deux pas du quartier chaud, l'église est devenu un centre culturel très couru où je peux voir l'expo World Press Photo.
Je visite ensuite l'expo Matisse au nouveau musée Hermitage ouvert l'année dernière. Je passe au musée du sac à main (superbe, avec un joli salon de thé et une boutique fort tentante !) et, tout à côté, au Katten Kabinet, consacré aux oeuvres d'art qui rendent hommage aux chats, où le chat Marli me sert de guide et où je résiste à l'impulsion d'acheter de très belles affiches représentant... des chats ! Demain, retour à Montréal, en forme comme jamais !
Carnet de route . À qui s'adresse ce voyage ? À ceux qui veulent voyager autrement, en prenant le temps de découvrir lentement le pays et qui sont relativement en forme, assez pour rouler en moyenne 50 km par jour à une quinzaine de km/h. Je n'avais pas beaucoup roulé avant de partir, mais je marche ou je m'entraîne environ une heure par jour. Il y avait des participants de tous les âges (de 25 à 65 ans), mais la majorité avait plus de 50 ans. . Quoi emporter ? Il faut être prêt à toute éventualité. Être habillé adéquatement aide à apprécier l'expérience. Privilégier les pelures de tissus synthétique de préférence. Le cuissard rembourré au fesses est un atout. Le casque de vélo n'est pas fourni. L'équipage peut parfois dépanner les passagers avec des casques laissés sur place, mais mieux vaut prévenir... Il faut malgré tout voyager léger parce que la cabine est plutôt exigue. . Combien ça coûte ? À partir de 1395$ par personne en occupation double, incluant le vélo équipé de sacoches, les nuitées à bord, les repas (petit-déjeuner buffet où les passagers pigent pour préparer leur casse-croûte du midi composé de sandwiches à volonté d'un jus et d'une mini-tablette de chocolat, collation en après-midi et souper copieux comprenant, une soupe ou une entrée, un plat et un dessert). On peut acheter de la bière et du vin au bar du bord. Le transport aérien est en sus, les éventuelles nuitées supplémentaires à Amsterdam également. Ekilib commercialise ce produit au Québec : www.voyagesfleurdelys.com/ekilib-vacances-actives. Son programme comprend d'autres itinéraires comme le Amsterdam-Bruges et le Amsterdam-Bruxelles Voir aussi : www.holland.com et www. iamsterdam.com |