Le « slow travel » est aux antipodes du tour d'Europe en trois semaines, de l'éductour ou du voyage de presse! Le « slow travel » s'inscrit dans le mouvement « slow » né avec le « slow food » fondé en Italie en 1986 par Carlo Petrini en réaction à la Mcdonalisation du monde. L'idéologie s'est par la suite étendue avec les « città slow », les villes lentes, à partir de 1999. La table était mise pour le « slow travel ».
Selon Rafael Matos-Wasem, cité par Michèle Laliberté dans un article « La tendance « Slow » se propage ! », publié sur le site du Réseau de veille en tourisme en 2005, le « slow travel » implique deux conditions : on doit prendre son temps et s'immerger dans le lieu visité. La définition de cette façon de voyager réfère également à l'état d'esprit du voyageur et aux moyens qu'il utilise pour visiter une région : utilisation des transports en commun, location de maison ou d'appartement, approvisionnement local, etc.
Dans le même article, le chroniqueur Thomas Swick, du quotidien floridien Sun Sentinel, prodigue quelques conseils pour voyager « slow » : choisir une ville ou une région plutôt qu'un pays, ne pas planifier de tout voir, mais essayer d'en découvrir le plus possible, fréquenter le café du coin, s'approvisionner au marché, lire les journaux locaux, observer les gens, etc.
Le concept est lié à l'expérience de voyage plus qu'à la course aux attractions. Il peut s'apparenter au tourisme culturel s'il implique des cours de langue, par exemple, ou au tourisme éthique et responsable, mais il n'est pas nécessairement solidaire, équitable ou humanitaire.
C'est une façon de voyager plus gourmande que vorace. Elle permet de flâner et de se perdre dans les rues d'une ville inconnue plutôt que de courir les musées. Elle privilégie la qualité à la quantité. La philosophie du « slow travel » veut qu'en ralentissant son rythme, on soit plus attentif à ce qu'on voit.
La location et l'échange de maisons peuvent se rapprochent de la façon lente de voyager. En restant au même endroit une semaine ou plus, on augmente ses chances d'entrer en contact avec les gens du cru et de découvrir le patrimoine, la culture et la gastronomie de la région, du département ou même du village, au fil des jours.
Le voyageur lent est sensible à la limitation des émissions de CO2. Souvent, il mêle l'aventure douce à la découverte. Le voyage à pied ou à vélo, plus lent, permet de mieux s'intégrer à la destination. En fait, un bel exemple québécois de « slow travel » serait de prendre le train pour aller faire la véloroute des bleuets.
Il manque aux trains luxueux et aux bateaux de croisière une composante pour être englobés dans le « slow travel ». S'ils mettent de l'avant une façon lente de voyager, ils permettent peu de se mêler à la population locale et d'enrichir les entreprises indépendantes des régions où ils font halte.
Par contre, le « slow travel » devient de moins en moins marginal. Près de nous, Transat s'est associé à Gap Adventures, et, dans sa dernière brochure, le Groupe Voyages Québec tente des sorties hors des sentiers habituellement battus par les autocars. C'est dire que doucement, tranquillement, l'industrie s'intéresse à la chose.
Au banc d'essai Pas besoin d'être en hyper forme ou super grano pour pratiquer le slow travel. J'ai testé deux produits qu'on pourrait classer dans cette catégorie même si j'ai du prendre l'avion pour m'y rendre: la randonnée dans le Val d'Anniviers et le combo vélo/péniche en Hollande. Il faut six jours pour découvrir à pied Val d'Anniviers qui pourrait se parcourir en quelques heures en car postal. L'idée : s'y rendre en utilisant le merveilleux système de transport en commun suisse, loger dans des hôtels indépendants, s'approvisionner dans les marchés locaux, marcher pour apprivoiser le magnifique paysage de montagne, et être ouverts aux rencontres avec les gens du coin. Le sud de la Hollande en péniche et vélo combine deux moyens de transport lents. L'idée : pédaler à travers de charmants villages, des champs de fleurs en saison, vers les points où est amarré le bateau. En cours de route, on s'arrête dans des cafés typiques et le guide nous donne accès à des attractions moins touristiques. Mon prochain voyage lent ? Les Cinque Terre à découvrir en train, en bateau et à pied ! Ces exemples ne sont pas tout à fait orthodoxes pour les Nord-Américains puisqu'ils nécessitent l'intervention de l'avion pour se rendre destination, mais pour un Européen, ce serait tout à fait lent ! |