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Article publié dans le webzine de Novembre 2011

Alberto Giacometti, une rétrospective


Jusqu'au 5 février, le Museo Picasso Málaga présente l'exposition Alberto Giacometti, une rétrospective, qui montre avec précision les différentes étapes du parcours de l'un des plus grands artistes du XXe siècle.

La rétrospective sur Alberto Giacometti présentée au Museo Picasso Málaga analyse le travail de ce créateur majeur du XXe siècle, qui rencontra à Paris Pablo Picasso, plus âgé que lui d'une vingtaine d'années. Malgré d'évidentes différences dans les choix esthétiques et les questionnements existentiels qui marquèrent l'oeuvre et la personnalité de ces deux immenses artistes, on peut déceler des coïncidences dans le parcours des deux hommes : des parents artistes dans les deux cas, une formation académique équivalente, un même choix d'aller s'installer à Paris dans leur jeunesse, tous deux provenant de pays périphériques et attirés par le coeur de la vie artistique de l'époque, ou encore une admiration partagée à l'égard des grands maîtres du passé.

Les oeuvres exposées - huiles, sculptures, dessins, gravures, mobilier et textiles -, ainsi que la vingtaine de photos d'autres artistes qui les accompagnent, sont réparties en plusieurs sections par ordre chronologique, de façon à mettre en évidence les différents moments et aspects de l'évolution de la recherche de l'artiste suisse : ses premiers travaux ; son arrivée à Paris et les premières influences non académiques qu'il y a reçues ; son intérêt pour le cubisme tardif ; ses rapports avec Picasso et Cézanne, notamment ; la notion de « cage » comme espace délimité ; ou encore, l'humain comme genre artistique. Un choix restreint d'oeuvres de Pablo Picasso vient illustrer les concordances entre les deux artistes mentionnées plus haut.

Il convient de signaler que vingt des pièces exposées à Málaga, parmi lesquelles se trouvent deux huiles, n'avaient encore jamais été prêtées par la Fondation Alberto et Annette Giacometti pour être exposées. C'est donc la première fois qu'il est permis au public de les admirer. Par ailleurs est présenté un carnet numérique interactif, contenant des dessins exécutés par Giacometti en 1932, qui met en évidence l'intérêt explicite manifesté par l'artiste suisse envers un groupe d'oeuvres, d'une facture et d'une époque très précises, de Pablo Picasso.

Un parcours  dans l'oeuvre de Giacometti

Peintre, sculpteur, dessinateur, graveur, créateur d'objets de décoration et écrivain, Giacometti n'a jamais cessé d'explorer de nouvelles voies artistiques. L'ensemble de l'exposition rend compte d'un univers tout à la fois inquiétant et merveilleux, qui reflète la cohérence de son positionnement esthétique.

Alberto Giacometti, une rétrospective s'ouvre sur des oeuvres de jeunesse, réalisées dans le cadre familial, et sur les portraits et les études anatomiques de ses débuts. Giacometti arrive à Paris en 1922. Peu de temps après et jusqu'au début des années trente, il s'inspire dans ses sculptures du cubisme tardif et se rapproche aussi des conceptions propres aux surréalistes, établissant ses premiers contacts avec Jean Cocteau et André Masson en 1929, puis s'associant au groupe d'André Breton en 1931. Cette période occupe une partie importante de l'exposition.

Pendant les années trente, Giacometti se tourne vers les arts appliqués. Il crée des meubles et des objets décoratifs, dont on pourra admirer quelques exemplaires. Cette activité l'incite à poursuivre son parcours expérimental et ses recherches en sculpture autour de l'idée de lieu. Il se demande jusqu'à quel point l'art conventionnel donne la vision la plus fiable de la réalité ; il va donc revisiter les genres traditionnels pour les récrire, contribuant, de ce fait, à l'histoire de l'art du XXe siècle de façon inégalée.

Au cours de la seconde moitié des années trente, après que Giacometti a été expulsé du groupe surréaliste, il insiste notamment sur le rapport entre la figure et le socle, sur l'expression d'une dimension architecturale et spatiale permettant de faire de l'oeuvre le noyau à partir duquel s'effectue l'expérience d'un lieu. À cet égard, l'introduction du mouvement opérée par Giacometti dans l'oeuvre plastique est l'un de ses côtés les plus novateurs.

À partir de 1946, il crée les sculptures en bronze de personnages filiformes et étirés qui habitent un espace. En même temps, il exécute un ensemble d'huiles montrant des personnages dépourvus de subjectivité, mais d'où se dégagent une intensité et une luminosité objectives. Giacometti s'intéresse à la sculpture dans la mesure où elle lui permet de rendre compte de sa vision du monde extérieur. Le parcours de l'exposition prend fin sur l'impressionnant L'Homme qui marche I réalisé dans les années soixante, aboutissement d'un itinéraire artistique et d'une vie qu'il aura entièrement consacrés à son oeuvre.

Une remarquable série de gravures et de dessins exposée interroge en outre les différents modes de représentation par Giacometti de son atelier et de ses modèles. Enfin, un groupe d'oeuvres témoigne de l'intérêt que portait Giacometti à l'art d'autres cultures, africaines et océaniennes notamment.

Le commissariat de l'exposition est assuré par l'historienne de l'art Véronique Wiesinger, éminente spécialiste de Giacometti et directrice de la Fondation Alberto et Annette Giacometti à Paris, en collaboration avec José Lebrero Stals, directeur artistique du Museo Picasso Málaga.

Alberto Giacometti [Tête de femme (Flora Mayo)], 1926

Plâtre retravaillé au canif et peint, 31,2 x 23,2 x 8,4 cm

Collection Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris, inv. 1994-0406

© Fondation Giacometti, Paris / Succession Giacometti ADAGP, Paris 2011

www.museopicassomalaga.org

Louise Gaboury