Les croisières rivalisent habituellement de luxe pour attirer les passagers qui rêvent de la grande époque du Titanic ou du Queen Mary. Mais il y a un courant tout à fait opposé qui privilégie le contact avec la mer et l'histoire d'une autre belle époque, celle des grands voiliers.
The Maine Windjammer Association propose des croisières à bord d'authentiques goélettes centenaires qui ont fait les beaux jours du transport de marchandises avant de connaître une retraite honorable et paisible. Sa flotte compte 14 grands voiliers dont plusieurs sont pratiquement des monuments historiques. Leur taille varie de 46 à 132 pieds et ils peuvent accueillir entre six et 40 passagers pour des croisières de deux nuits et trois jours.
Construit en 1882 à Long Island pour transporter du bois de la Caroline du Sud et de la Géorgie jusqu'aux moulins de Edwin Bailey à Patchogue, dans l'État de New York, le Grace Bailey fait maintenant partie de la flotte Windjammer. Baptisée du nom de la fille de Bailey, née l'année de sa construction, la goélette a plus tard transporté dans ses cales le granit utilisé pour la construction de la Gare centrale et du Bureau de poste central de New York, avant de se retrouver sur la côte du Maine et d'être rebaptisée Mattie.
En 1990, le capitaine Ray Williamson, originaire de Montréal, et sa femme Ann, lui redonnent son nom original et son allure d'antan, lui évitant de finir en bois de foyer. Les belles boiseries de la cabine du capitaine retrouvent leur lustre. L'espace cargo est transformé en cabines dont le confort rudimentaire n'a absolument rien à voir avec la magnificence des grands paquebots qui sillonnent les mers des Caraïbes. Les installations sont modestes et l'espace, restreint.
Qu'importe, le Grace Bailey s'adresse à une autre clientèle. Ici, pas de lustres de cristal ni de grand escalier, de piscine, de salon de coiffure ou de casino, pas de balcon privé ni de service aux chambres. Propre et bien entretenu, le Grace Bailey n'a toutefois pas l'électricité, ne dispose que de quatre toilettes et d'une douche et, encore faut-il pomper l'eau ! Pourtant, l'atmosphère est unique. Les passagers ont l'impression de revivre l'époque héroïque où la goélette bravait les tempêtes pour bâtir l'Amérique.
Le Grace Bailey appareille du pittoresque village de Camden, à environ trois heures de route au nord de Portsmouth et à huit bonnes heures de Montréal. EIle vogue le long de la rugueuse côte du Maine, à travers les îles de la baie de Penobscot, de la fin de mai à la mi-octobre pour des croisières de 3 à 6 jours. Les escales sur de petites îles sont possibles au cours des plus longues croisières. Le bateau jette l'ancre dans une baie pour la nuit. Les repas, cuisinés à bord sur le poêle à bois, sont servis dans la petite salle à manger attenante à la cuisine ou sur le pont.
Ces croisières attirent une clientèle presque exclusivement américaine. À la mi-août, sur les 27 passagers embarqués pour la croisière de deux nuits sur le Grace Bailey, les couples dominaient, mais il y avait également une réunion de parents et amis éparpillés dans tout le nord-est des États-Unis. Ces passagers, dont l'âge variait de 18 à 70 ans, semblaient relativement actifs, et la plupart avaient passablement voyagé.
Sans électricité, ni téléphone, télévision ou Internet, cette goélette historique permet une relaxation complète au gré du vent. La conversation peut être captivante, mais mieux vaut avoir de la lecture ou un jeu de société, surtout par temps gris et pluvieux. Autrement les passagers peuvent piquer une tête dans les eaux fraîches, ou utiliser le canot de sauvetage pour explorer les environs à leur guise. Ils peuvent ou non aider aux manoeuvres, et à la cuisine. Ils ont également le loisir de dormir sur le pont s'ils ont apporté un sac de couchage.
Pour infos: www.sailmainecoast.com/