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La Coumba Freida : vallée froide et carnavals chauds !


En patois franco-provençal, Coumba Freida signifie quelque chose comme corridor d'air glacé... En fait, l'expression désigne autant la vallée étroite et profonde qui relie la ville d'Aoste au col du Grand-Saint-Bernard et à la Suisse, que l'ensemble des carnavals historiques qui s'y déroule chaque année. Cette vallée a la réputation d'être la plus froide de la région. Est-ce pour se réchauffer que ses habitants s'éclatent chaque année dans un très long et très extravagant carnaval qui s'étire sur  plus d'un mois ?

Les festivités commencent le lendemain de l'Épiphanie, mais atteignent leur paroxysme à l'approche du mardi-gras. Pendant ce temps, les villages de la vallée (Allein, Bionaz, Doues, Etroubles, Gignod, Ollomont (où le bal a commencé le 7 janvier dernier), Oyace, Roisan, Saint-Rhémy-en-Bosses, Saint-Oyen et Valpelline) se partagent le calendrier des réjouissances qui se terminent cette année le 21 février. Le carnaval de chaque village a ses particularités mais leurs variations respectent le même thème.

Les premières mentions d'un carnaval dans la vallée datent de 1467, mais sa version « moderne » remonte au début du XIXe siècle. Le costume traditionnel du carnaval de la Coumba Freida rappelle l'uniforme des soldats de Napoléon qui ont traversé les Alpes en 1800, même si le bicorne et la redingote des « landzettes » (costumes traditionnels) sont nettement plus décorés que les vêtements de l'empereur. Dans quelques villages, le rouge domine...

Ces habits sont ornés de perles, de paillettes et de miroirs qui reflètent la lumière pour repousser les forces du mal. Le visage des carnavaleux est couvert d'un masque autrefois fabriqué sur place en bois et qui, modernité oblige, est maintenant fait de plastique ou de carton. Ils tiennent à la main les crins d'une queue de cheval ou de mulet, qu'ils agitent pour éloigner les vents néfastes (mais parfois à fouetter), et leur ceinture est garnie d'une clochette : leur manège ne passe pas inaperçu.

Une légende relie le carnaval au mariage d'un couple âgé et un peu simple d'esprit auquel les villageois invités avaient décidé de se présenter costumés pour souligner le ridicule de leur situation. Quoi qu'il en soit, le vieux couple fait partie des personnages du carnaval, avec le diable et l'ours. Sorti de son hibernation, l'ours représente l'espoir d'un printemps précoce.

Sur fond de montagnes enneigées, accompagnés de musiciens, les carnavaleux forment des, bandes, qui vont de maison en maison où leur offre un verre et quelques gourmandises. Ces troupes loufoques sont sans doute de lointaines parentes de la traditionnelle Mi-carême de l'île aux grues. Les habits et les masques ont un air de famille, mais dans l'île, la tiare d'évêque remplace le bicorne napoléonien. Certains choisissent de se moquer de la religion, d'autres de  la politique...

Louise Gaboury