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Les Açores : symphonie pastorale au milieu de l’Atlantique


Ce chapelet de neuf îles situé au milieu de l'Atlantique a été découvert par les Portugais à partir de 1427. Situées sur la route du Nouveau Monde, elles ont été liées à son développement et à son peuplement, puisque les Açoréens comptent pour beaucoup dans la diaspora portugaise.

Les Açores sont coiffées d'une aura de calme qui donne l'impression que le temps s'écoule plus lentement là qu'ailleurs. Leurs habitants y vivent des jours tranquilles, loin de la foule déchaînée et du rythme essoufflant de la vie urbaine.

Différentes les unes des autres, Sao Miguel, Terceira, Santa Maria, Faial, Graciosa, Sao Jorge, Pico, Flores et Corvo ont en commun une histoire, des traditions et un certain art de vivre. Plusieurs bateaux de croisière font escale aux Açores lors de leur traversée de l'Atlantique, mais, vu leur potentiel naturel, historique et culturel énorme, une seule journée ne suffit pas pour en saisir l'essence.

Il vaut mieux prendre le temps, en butinant d'île en île, d'apprivoiser leurs prés verts découpés par des haies de fleurs ou des murets de pierre volcanique, leurs lacs légendaires, leurs villages typiques, leurs volcans anciens, leurs églises baroques, leur flore diversifiée (850 plantes différentes, dont 60 spécifiques à l'archipel!), la richesse de leur faune ailée, leurs plages, et surtout, prendre le temps de goûter à l'hospitalité de leurs habitants.

De l'une à l'autre

Pour apprécier la couleur de la ville de Ponta Delgada, capitale de l'île de Sao Miguel, la plus importante de l'archipel, il faut tourner le dos à la mer et s'enfoncer dans ses rues étroites où la vie quotidienne des habitants suit son cours. À Ponta Delgada, on peut louer une voiture pour une journée ou deux, le temps de faire le tour de l'île et de voir notamment le Lagoa do Fogo, parc naturel régional de Caldeira Velha, le parc botanique Terra Nostra et une plantation de thé.

Il faut arpenter la plus belle ville de l'archipel, Angra do Heroismo située sur l'île de Terceira. Inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, elle est considérée comme le premier exemple du nouvel urbanisme européen d'après la découverte de l'Amérique. Favorite des randonneurs, Sao Jorge vaut le détour pour l'émouvante beauté de ses fajas, comme on a baptisé les terres fertiles plates en bordure de mer créées par des éboulements de terrains ou des éruptions volcaniques, pour son délicieux fromage et pour ses incomparables paysages fleuris! On jette l'ancre à Pico pour le volcan du même nom, la plus haute montagne de l'archipel, et pour ses vignobles inusités, plantés sur un sol de lave. Les belles plages surmontées de vignes cultivées en terrasses de Santa Maria attirent les amateurs de sports nautiques. Plus discrètes, Faial et Graciosa n'en sont pas moins charmantes. Flores et Corvo sont plus isolées et plus sauvages. Il n'est pas nécessaire de les voir toutes, mais pour comprendre leur diversité et leur caractère, il faut en visiter au moins deux ou trois.

Saint-Esprit des Açores

Les Açores sont restées fidèles à leurs traditions comme en témoigne la survie des très colorées fêtes du Saint-Esprit, qui commencent le dimanche après Pâques et se poursuivent jusqu'après la Pentecôte. Dans certaines communautés, elles s'étirent jusqu'à l'été pour donner aux émigrants qui viennent en vacances au pays, la chance d'y participer.

On attribue généralement les origines de cette tradition à la reine Isabelle qui avait, dit-on, la bonne habitude de faire la charité. La légende veut qu'elle ait elle-même coiffé un pauvre de la couronne du roi et que les deux souverains aient docilement servi le nouvel « empereur » pendant une journée. Pratiquement disparu de la péninsule ibérique, le culte du Saint-Esprit subsiste aux Açores. Plusieurs miracles relatifs aux éruptions volcaniques attribués au Saint-Esprit ont renforcé la dévotion des Açoréens envers la sainte colombe.

Célébrées dans tout l'archipel, les fêtes du Saint-Esprit prennent une couleur différente d'une île à l'autre. À Furnas, dans l'île San Miguel, la procession des malades qui a lieu le dimanche après Pâques, se déroule sur des rues tapissées de fleurs. À Sao Jorge, dans les églises pleines à craquer, la messe s'achève par le couronnement d'un ou deux paroissiens qui font le tour de l'église en procession, encadrés par des enfants endimanchés et suivis par la fanfare locale pendant qu'éclatent les feux d'artifice.

Le repas traditionnel des fêtes du Saint-Esprit, qui suit la messe et la procession, est offert par l'empereur du jour. Il comprend notamment la soupe du Saint-Esprit, un bouillon qu'on mange avec de la viande et du pain, suivi d'une sorte de pudding au riz et un pain sucré, le tout arrosé de vins et d'alcools des îles. L'hôte doit toujours inviter des pauvres à sa propre table où on compte souvent 13 personnes, en rappel de la Dernière Cène.

Pendant toute une semaine, l'empereur garde la couronne dans sa maison sur un autel improvisé et offre à boire et à manger à ceux qui viennent se recueillir en apportant eux-mêmes une offrande alimentaire. Le rituel se répète la semaine suivante et la fête culmine à la Pentecôte date à laquelle a lieu la plus importante célébration.

Le reste de l'année, les couronnes sont gardées dans de petites chapelles au pignon surmonté d'une colombe ou d'une couronne, baptisées imporios. Certains villages disposent de deux imporios, l'un pour entreposer les couronnes, et l'autre pour les casseroles géantes nécessaires à la préparation des festins du Saint-Esprit. Dans les îles de Sao Jorge et San Miguel, les imporios sont plutôt discrets, alors qu'ils revêtent des couleurs plus extravagantes sur l'île de Terceira.

Aux Açores, même les touristes peuvent goûter à la charité des insulaires. Pas encore lassés de leur curiosité, les Açoréens invitent volontiers les passants à partager le festin de l'Esprit Saint. C'est dans un cadre comme celui-là qu'on peut capter l'esprit des Açores...
. Pour infos : www.drtacores.pt/

Barbecue volcanique

À Furnas, dans l'île de Sao Miguel, le barbecue se fait sous terre, à la chaleur des sources thermales qui bouillonnent dans la région.
Le cozido das Furnas est un plat à base de viande (boeuf, porc, poulet, boudin et saucisse), et de légumes (carottes, patates douces, chou), cuit à l'étouffée pendant cinq ou six heures dans une casserole hermétiquement fermée, emballée de coton et placée dans un trou aménagé dans la terre fumante qu'on recouvre de terre.

Selon les règles internationales tacites de la cuisine en plein air, ce sont des hommes qui supervisent la cuisson du cozido. L'opération attire les touristes qui viennent en groupe voir leur repas sortir de terre avant d'y goûter. Quand le plat est prêt, un des préposés au four volcanique enlève l'amas de terre qui recouvre le trou. Ils se mettent ensuite à deux pour sortir la casserole emmaillotée de ce four improvisé et la charger dans une camionnette qui fera le voyage jusqu'au restaurant de l'hôtel Terra Nostra dont c'est la spécialité.

Le cozido est très apprécié des gens des environs qui arrivent tôt le dimanche pour faire cuire leur propre plat par les cuistots du volcan et le manger sur place, dans l'aire de pique-nique aménagée à cet effet.

Bon à savoir

Les Açores sont desservies par SATA au départ de Toronto. Les îles sont reliées entre elles par l'avion et le bateau.

Les Açores reçoivent chaque année plus de 200 000 visiteurs. La plupart d'entre eux viennent en été, mais les hôtels se remplissent dès le début de mai. Le coût de la vie est généralement moins élevé qu'ailleurs en Europe de l'ouest. Un petit déjeuner composé d'un grand café au lait et d'un petit pain a par exemple coûté 1,70 euros à la Croissanterie de Paris de Ponta Delgada qui aura bientôt de la concurrence puisque la ville accueillera en 2007 le premier McDo des Açores! On n'arrête pas le progrès...

Attention, dans les restaurants on facture les frais de couvert, le coperto. Ça signifie qu'il faut payer le pain et le fromage qu'on met sur votre table. Pour éviter de payer le coperto, on doit le refuser dès le départ, il ne suffit pas de ne pas manger le pain...

Louise Gaboury