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Article publié dans le webzine de Octobre 2008

Montagnes superstitieuses et villages fantômes


L'Arizona connaît plus d'heures d'ensoleillement que la Floride, surnommée le «Sunshine State», mais ce n'est qu'une raison parmi tant d'autres pour mettre le cap sur le coeur de cet État au décor naturel de «western». Bienvenue dans l'Arizona des légendes, des cow-boys disparus, des prospecteurs mystérieux, des villages abandonnés et des déserts ponctués de saguaros. Même si l'arrivée des Blancs dans la région date d'à peine 150 ans, d'importantes pages de l'évolution de l'humanité s'y sont écrites et la terre d'ici raconte l'histoire des dinosaures, des déserts, des immenses soubresauts de la croûte terrestre et de la folie des fleuves.

On en a un aperçu au Mesa Southwest Museum qui s'est donné pour mission de retracer les cent millions d'années d'histoire naturelle de la région. On y passe de l'époque des dinosaures à celle de l'homme préhistorique, des missions espagnoles aux légendes locales en s'attardant à la richesse de la culture autochtone.

Les formations volcaniques très accidentées connues sous le nom de Superstition Mountains sont entourées d'une aura de mystère. Elles gardent le secret de la disparition de nombreux cavaliers et prospecteurs partis à sa découverte et qui n'en sont jamais revenus. Montagnes sacrées pour des tribus amérindiennes disparues, elles sont maintenant quadrillées de sentiers de randonnée qui permettent aux promeneurs de goûter à leur énigmatique beauté.

Construite en 1905 pour faciliter l'approvisionnement en vue des travaux de construction de Theodore Roosevelt Dam, l'Apache Trail (route 88) serpente à travers les montagnes et le désert vert de l'Arizona. Cette historique route panoramique part d'Apache Junction, près de l'endroit où on raconte que se trouvait la Lost Dutchman's Mine du prospecteur allemand Jacob Waltz, à l'ombre de Weavers Needle dans les Superstition Mountains, pour aller jusqu'au Roosevelt Lake. L'Apache Trail est pavée jusqu'à Tortilla Flat. À partir de là, bordée de précipices, elle rétrécit et tient plus des montagnes russes que de l'autoroute. La section pavée est idéale pour une sortie en moto, mais le jeep est recommandé pour le reste de la piste.

Miami, Arizona

De Phoenix, on accède à Miami, Arizona en passant par Superior, une ville plus ou moins abandonnée, et par le Boyce Thompson Arboretum, une agréable oasis dans le désert. Miami, Arizona n'a rien à voir avec son homonyme floridienne. Il reste peu de traces des bars et bordels qui ont poussé comme des champignons dans cette ville née d'un boom minier à la fin du siècle dernier. Le quartier chinois s'est recroquevillé. Les fumeries d'opium ont fermé. Ce Miami tient plus de la ville fantôme que du complexe touristique haut de gamme. Le dernier Woolworth à l'ouest du Mississippi a fermé ses portes il y a quelques années, remplacé par quelques jolies boutiques d'antiquités qui n'ont sans doute pas eu de mal à s'approvisionner auprès des gens qui ont quitté la ville.

Globe, sa voisine, vieillit un peu mieux. Quelques-unes de ses maisons historiques ont été rénovées et recyclées en galeries d'art et boutiques attrayantes et on a transformé une ancienne école datant de 1907 en charmante petite auberge, le Noftsger Hill Bed& Breakfast. Le coin est surtout fréquenté à cause de sa proximité de l'Apache Trail, mais les derniers cow-boys fréquentent toujours le Bacon Boots & Saddles où on fabrique bottes et selles à l'ancienne, selon les spécifications des clients.

Indiens et cow-boys

Dans ce décor de cinéma, on ne peut passer à côté de la culture amérindienne. Plus ou moins confinée dans les réserves, elle survit comme par miracle au milieu des casinos et des bungalows flanqués de voitures juchées sur des blocs. Son histoire est racontée entre autres au Tonto National Monument qui préserve les habitations troglodytiques des Salado, au Besh-Ba-Gowan Archeological Park établi sur le site d'un pueblo vieux de 750 ans, et à la réserve apache San Carlos.

Pas d'Indiens sans cow-boys. Au Don Donnelly Horseback Vacations & Stables, les vacanciers ont la possibilité de jouer au cowboy le temps d'une soirée ou pour quelques jours, s'ils désirent explorer la région à cheval. Les journées se terminent par un barbecue et quelques chansons nostalgiques autour du feu. Roger, qui collectionne les vieilles chansons de cow-boy, se vante d'avoir 10 000 chansons tristes dans son répertoire dont plusieurs racontent l'ennui et les petits et grands drames des années 1880. Autrement, les amateurs de musique country non rassasiés s'attarderont à écouter les musiciens «live» en dégustant un chili très épicé à Tortilla Flat, dans ce qu'on dit être un ancien arrêt de diligence. Ils en redemandent? Il leur faudra alors passer une soirée au Rockin'R Ranch de Mesa où des cow-boys plus ou moins mormons servent un barbecue traditionnel avant de monter sur scène offrir un spectacle où se mêlent country et burlesque. Le Vieil Ouest, c'est un peu de tout ça...

Louise Gaboury