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Article publié dans le webzine de Novembre 2014

Adirondacks et lac Champlain : voyage dans le temps


Tout ici parle du passé. Les vestiges d’hier y sont nombreux. Depuis qu’il y a quelques siècles, les lieux ont été français.

Le fondateur de Québec a donné son nom au lac. Puis, les Français sont partis, victime de la conquête, remplacés par les colons britanniques. Plus tard, fuyant la moiteur de la ville, les riches New-yorkais y ont établi leurs quartiers d’été. Entre villégiature et histoire, le patrimoine agricole de la région est redécouvert.

Histoires croisées

Crown Point. Le nom est moins connu que Ticonderoga, mais le lieu a eu son importance stratégique sur le lac Champlain au XVIIIe siècle. Un petit centre d’interprétation permet de mettre le site dans le contexte de ce que les Américains appellent la « French and Indian War », mais que nous connaissons plutôt sous le nom de « Guerre de Sept ans ». L’endroit n’est pas banal puisqu’il a vu se succéder deux forts, le premier, français, le second, britannique.

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, les Français construisent le Fort Frédéric et un moulin pour pourvoir aux besoins des soldats et des civils établis dans les environs. Les Français le détruisent en juillet 1759 pour éviter qu’il ne tombe à l’ennemi. Plus tard, les Britanniques décident de construire un fort plus important pour défendre leur position sur le lac Champlain. En temps de paix, le site perd de son importance stratégique et le manque de fonds de la couronne britannique empêche l’entretien des lieux qui seront investis par des patriotes américains, le temps de voler quelques canons qu’ils retourneront contre les Britanniques lors de la Guerre d’Indépendance.

Les ruines des fondations du fort français sont moins éloquentes que celles des bâtiments de pierre érigés par les Britanniques, mais la visite du lieu est intéressante et réserve de belles vues sur le lac « découvert » par Champlain en 1609. Sur le site du moulin, on a construit un phare sur l’emplacememnt duquel trône un monument à Champlain, sur lequel on trouve, cadeau de la France, un bas-relief signé Rodin, pour lequel Camille Claudel aurait posé….

L’histoire avec un petit « h »

Aménagé dans une ancienne école, le Adirondack History Center Museum s’intéresse plus au quotidien des habitants de la région qu’aux grandes batailles. On y trouve une pléiade d’objets relatant la petite histoire de la région, avec ses héros et ses légendes. Parmi les objets marquants de la collection, le crâne d’un homme d’origine portugaise pendu ici, la corde et un billet qui a permis à son titulaire d’assister à la pendaison! Aussi, d’anciennes calèches et carrioles, des outils et plein d’histoires.

Retour à la terre

De plus en plus de jeunes, séduits par la région, s’y établissent comme agriculteurs. Plusieurs ont fait leurs classes à Essex Farm qui propose une gamme de programmes. On peut les rencontrer à l’un des marchés locaux, comme à celui du vendredi matin à Elizabethtown, ou ailleurs (adirondacksfarmersmarket.com). Ils proposent leurs produits à un nombre croissant de citoyens soucieux de la provenance de leurs aliments. On peut y rencontrer par exemple Racey Bingham qui parle un très joli français appris en Afrique de l’ouest où elle va  souvent en hiver, travailler pour la FAO ou la banque mondiale. Comme la plupart de ces jeunes fermiers, elle a besoin d’un revenu supplémentaire pour survivre... Racey Bingham est co-propriétaire de Reber Rock Farm à Essex, où on utilise de superbes chevaux pour faire les foins et autres travaux de la ferme (reberrockfarm.com).

Non loin de là, à Westport, Dacy Meadow Farm  fait le lien entre la ferme et la table en accueillant des convives pour le souper du vendredi et le brunch du dimanche. Les repas sont concoctés à partir des produits de la ferme, ou  de fermes voisines, distantes de moins de 30 km. Ce vendredi soir, on a fait une exception pour le vin qui venait du vignoble Amazing Grace à Chazy, un peu plus au nord, toujours dans l’état de New York. Le chef est venu présenter chaque plat en expliquant sa philosophie d’utilisation des produits locaux de la saison. La Dacy Meadow farm fait également gîte à la ferme dacymeadowfarm.com

Dans les environs

. Marcher dans la grande nature sur la belle variété de sentiers, quelques-uns développés à partir d’anciens chemins forestiers,  entretenus par Champlain Area Trails champlainareatrails.com. Pour les experts, gravir l’un ou l’autre des 46 sommets de plus de 1220 mètres que compte le Parc des Adirondacks (et pourquoi pas les 46 pour faire partie du club  sélect des 46ers?) www.adk.org et adk46er.org

. Rouler à vélo. Pour des suggestions d’itinéraires : champlainbikeways.org

. Flâner dans le joli village d’Essex pour admirer l’architecture des coquettes maisons privées et des édifices publics.

. Assister à un concert au camp de musique Meadowmount à Lewis, les mercredis, vendredis et dimanches de l’été (meadowmount.com)

. Luncher au Deer’s Head Inn Restaurant d’Elizabethtown, pas pour la bouffe ni pour le service, mais pour l’histoire de cet ancien relais de diligence.

. Pour un meilleur lunch, un délicieux espresso et de possibles rencontres avec les locaux, préférer Dogwood Bread Company, à Wadhams.

. Dormir au Old Mill Bed & Breakfast, à Elizabethtown, une maison biscornue à l’ancienne avec boiseries, papier peint et plein d’objets d’un autre âge disposés dans les chambres et les très beaux espaces communs. Petit-déjeuner de rêve et jardin à l’avenant.

LakeChamplainRegion.com

Le Parc des Adirondacks

Créé en 1882, le parc des Adirondacks est aussi étendu que tout l’état du Vermont, plus grand que les parcs  Yellowstone, Everglades Glacier et Grand Canyon réunis. Il n’a pas de frontières, pas de barrière et pas de frais d’admission et compte plus de 3000 kilomètres de sentiers de randonnée, plus de 3000 lacs et près de 2000 km de rivières. C’est une courte pointe de terres publiques et privées. On trouve 100 villages sur son territoire; 137 000 personnes y vivent toute l’année et 200 000 villégiateurs y passent l’été. Le parc accueille entre 7 et 10 millions de visiteurs chaque année.

 

Louise Gaboury