Ancien temple païen de tous les dieux, devenue la basilique Sainte-Marie-des-martyrs en 609, le Panthéon n’a pas pris une ride depuis l’époque de l’empereur Hadrien, survivant aux séismes, aux guerres et aux hordes de touristes.
Ce monument magique dégage une atmosphère indéfinissable, avec ces proportions parfaites et cette lumière qui vient du ciel et module l’éclairage tout au long de la journée. Une spiritualité au-delà de la religion…
Chaque année à la Pentecôte, de l’oculus de son dôme spectaculaire, considéré comme le père de tous les dômes, tombe une pluie de pétales de roses rouges qui symbolisent les langues de feu envoyées par l’Esprit Saint aux apôtres. Cette cérémonie d’une incommensurable poésie, a de quoi émouvoir même les non-pratiquants. Même si elle date de quelques siècles et qu’on en a relevé des exemples au Moyen Âge, la tradition n’a été reprise à Rome que depuis à peine plus d’une vingtaine d’années.
Il faut arriver tôt pour assister à la chose. Et s’armer de patience. Dès 8 heures du matin, une petite grappe de personnes est déjà massée devant les imposantes portes. En moins d’une heure, la file qui compte pèlerins et curieux, s’allonge jusqu’au bout de la Piazza della Rotonda. Les portes n’ouvriront que vers 9 heures 30, le temps d’aller prendre un cappuccino au comptoir du Sant’Eustachio il Caffè, tout à côté, pendant que des amis gardent notre place…
On sait déjà que tout le monde ne pourra être admis dans le Saint des saints. Pour la première fois l’année dernière, le Panthéon n’a pas été rempli à sa pleine capacité pour des raisons de sécurité. La présence policière et militaire n’est pourtant pas plus visible que d’habitude.
Les portes ouvrent vers 10 heures, mais la messe ne commencera que vers 10h 30. On refoule les « touristes » au milieu du monument. Les dignitaires sont aux premières loges. Musique et chants rythment la messe solennelle. Les pompiers font discrètement leur entrée. Ce sont eux qui escaladeront la coupole pour lancer des milliers de pétales de roses rouges à l’intérieur. La messe s’achève. La musique s’enfle. Les pétales de roses commencent à tomber dans la lumière douce. Elles recouvriront bientôt tout le sol et continueront à tomber encore quelques minutes.
En sortant du Panthéon, le choc du retour à la réalité est brutal. La place est pleine de gens à qui on a refusé le spectacle et qui attendent pour prendre d’assaut le monument, comme chaque jour. Le trop court moment de grâce est terminé.
Cette année, la Pentecôte se célèbre le 4 juin.