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Article publié dans le webzine de Mai 2009

En Île-de-France au Moyen Âge


Il était une fois un royaume couvert de forêts et entouré d'eau comme une île. Ses rois édifiaient des châteaux pour se protéger, et des églises qui semblaient monter jusqu'au ciel pour mieux glorifier Dieu. C'est dans ce beau royaume-là que sont nés la langue française et l'art gothique. Le Moyen Âge y a connu de très riches heures...

C'était le temps des Croisades, des donjons, des belles dames, des tournois... Fermons les yeux un instant. Imaginons le parvis grouillant de monde pour une représentation des mystères. Imaginons Saint Louis se recueillant dans la Sainte-Chapelle. Imaginons les rues surpeuplées fourmillantes de vie, la rumeur, les odeurs.

Il suffit d'ouvrir les yeux et d'écouter les histoires que nous racontent les vieilles pierres pour découvrir le Paris médiéval au détour d'une petite rue du Marais, dans la splendeur de la Sainte-Chapelle, ou dans le ventre de Paris.

S'il existe encore des gens qui voient le Moyen Âge comme une époque grossière et barbare, ils seront surpris de la délicatesse de la structure de pierre de la Sainte-Chapelle qui laisse toute la place à la splendeur des vitraux. Joyau enchâssé dans l'enceinte du palais de Justice, cette magnifique chapelle avait été commandée par Saint Loius qui voulait y abriter les reliques acquises à grand prix lors des Croisades.

À quelques mètres de là, à la Conciergerie, on peut admirer trois très belles salles gothiques construites au XIVe siècle sous Philippe le Bel: la salle des gens d'armes, la salle des gardes et la cuisine. Tout à côté, la tour carrée de l'horloge sonne l'heure depuis le XIVe siècle.

Les moines et les Templiers se sont installés dans le Marais dès le XIIIe siècle, à l'abri de l'enceinte de Philippe-Auguste, dont on peut voir les vestiges rue des Jardins-Saint-Paul. Deus maisons à colombages, aux numéros 11 et 13 de la rue François-Miron, une ancienne voie romaine, datent du règne de Louis XI.

Poursuivons notre voyage dans le temps au musée de Cluny. Consacré au Moyen Âge, il loge dans un très bel édifice de la fin du XVe siècle. Ce musée recèle des témoignages éloquents de la vie à l'époque médiévale et des trésors comme la série de tapisseries représentant la gracieuse Dame à la  Licorne.

Au Louvre, sous l'aile Sully, les visiteurs émerveillés circulent au fond des fossés qui entouraient le donjon de Philippe-Auguste, construit vers 1200, et l'enceinte fortifiée par Charles V à la fin du XIVe siècle.

En visitant la crypte de Notre-Dame, on apprend que le parvis était encombré de maisons jusque sous Napoléon III. La rue Neuve Notre-Dame, dont on a redessiné le tracé sur le parvis, a sans doute été percée au moment de la construction, commencée en 1163, pour faciliter la livraison des matériaux.

Autour de Paris, la route médiévale nous fait visiter l'Île-de-France, qui constituait à l'époque l'essentiel du royaume de France.

On pénètre dans Provins, ancienne capitale des comtes de Champagne comme on ouvrirait un beau livre d'histoire. À l'intérieur de son immense mur d'enceinte du XIIIe siècle qui court sur cinq kilomètres, survivent de très belles maisons de la même époque et une grange aux dîmes plus ancienne encore.

En ce temps-là, la Tour César, qui domine tout le plateau de la Brie, servait à la fois de donjon, de tour de guet et de prison. Les sous-terrains qui courent sous la ville permettent de lever le voile sur quelques pans de son histoire. Antérieurs au XIIe siècle, ils ont servi autant de cachette pendant les guerres, que d'entrepots lors des foires. Des inscriptions indiquent qu'ils ont également pu être un lieu d'initiation pour les francs-maçons.

La Collégiale Saint Quiriace, qui date du XIIe siècle, et l'église Saint Ayoul, haut lieu de pèlerinage dès le Xe siècle, témignent également de la richesse du passé de Provins et de sa position importante dans le royaume.

À chaque année, au début de juin, la ville pavoise lors des fêtes médiévales dans une atmosphère qui rappelle celle des foires de Champagne. On croise alors dans les rues et sur les places, chevaliers, troubadours, croisés, lépreux et nobles dames. Les vieilles machines de guerre, trébuchet, couillard, cerbatanne et magonneau à roues de carrier reprennent du service et les tournois revivent leurs heures de gloire.

L'art de la fauconnerie renaît dans le décor authentique des remparts de Provins où ont lieu des spectacles de rapaces en vol libre qui obéissent à des fauconniers vêtus de costumes médiévaux.

La cité épiscopale de Meaux est le théâtre d'une impressionnante reconstitution historique de nuit dont un des tableaux fait revivre la construction de la cathédrale, commencée à la fin du XIIe siècle. L'ancien palais des évêques, bien que rénové, est d'une facture toute médiévale: on pense qu'il a abrité une grange aux dîmes au XIIIe siècle. L'enfilade de deux salles voûtées où sont présentées des expositions d'art contemporain, date des années 1170.

Guillaume de Hainaut fit fortifier la butte naturelle qui prit le nom de Montfort. Quand son fils Amaury lui succéda, les deux noms lui restèrent. Montfort l'Amaury tomba sous le contrôle de la France avec e mariage d'Anne de Bretagne, comtesse de Montfort, à Charles VIII, puis avec Louis XII. Elle fit réaliser de nombreux travaux, dont l'agrandissement de l'église Saint-Pierre, qui datait du Xe siècle, et la relocalisation du cimetière. du château élevé par Anne de Bretagne à la fin du XVe siècle, il ne reste qu'une tourelle, et le donjon n'est plusu que ruines, mais l'ensemble garde un certain charme.

La forteresse de La Roche Guyon, qui fisait partie de la ligne de défense du duché de Normandie, domine une des plus belles boucles de la Seine. Les premiers seigneurs de La Roche vivaient dans un château entièrement construit dans la falaise. La forteresse, bâtie au XIe siècle, s'Mest enrichie d'un donjon au siècle suivant, et d'un manoir adosséà la falaise troglodytique au XIIIe. À cette époque, vivre au château signifiait vivre en guerrier, et l'architecture en témoigne avec sa tour de guet, son chemin de ronde et ses machicoulis.

Fondée en 1228 par Saint Louis qui y a logé, l'abbaye de Royaumont et la plus grande et la plus grande abbaye cistercienne d'Île-de-France. De l'église abbatiale du XIIIe, il ne reste que bien peu de choses. Le cloître, par contre, est très bien conservé. L'abbaye loge maintenant un centre culturel. Des musiciens et des chanteurs vienne t de partout dans le monde pour contribuer à tisser un lien tout en douceur entre le Moyen Âge et la vie contemporaine, et à nous amener tout doucement à l'aube du XXIe siècle.

Louise Gaboury