Il y a cinq ans, j’étais à Venise. Pour vrai. J’y suis retournée depuis, et, si tout va bien j’y séjournerai de nouveau en octobre. En attendant, et au cas où, je m’y promène virtuellement.
Je retourne aujourd’hui sur les pas de Palladio. En commençant par Venise, où il a notamment signé deux des plus importantes églises de la ville, la basilique San Giorgio Maggiore et l’église du Redentore. Architecte en chef de Venise, il attire l’attention de la haute société vénitienne. Les aristocrates et bourgeois qui habitaient des palais sur le Grand Canal ont voulu profiter de l’air pur, et Palladio leur a construit des villas dignes de leur rang, ici et là dans la campagne vénitienne. Une vingtaine de ces petites merveilles sont inscrites sur la Liste du Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco, dont la Rotonda et la Villa Foscari, dite Malcontenta.
Ce n'est pas Venise, mais il y a de l'eau, la Brenta, qui court de Padoue vers la lagune. Et il y a les palais que les riches Vénitiens ont fait construire pour échapper à la touffeur des étés et étaler leur richesse lors de fêtes somptueuses et où architectes et peintres, Palladio, Scamozzi Longhena, Caliariet même Tiepolo ont déployé leur talent.
Déjà un lieu de villégiature à la mode au XVIIe siècle, la riviera del Brentan'a rien perdu de son charme. De belles villas s'échelonnent sur une route de campagne qui suit l'étroit fleuve.
Respectant la tradition d'hospitalité de la région, quelques villas ont été transformées en hôtels. C'est le cas de la Villa Franceschi, construite au XVIe siècle à Mira Porte, qui abrite un hôtel 4 étoiles et un restaurant (www.villafranceschi.com) et de la plus récente Villa Margherita, transformée en B & B (www.villamargherita.net/).
Autrement, plusieurs villas sont ouvertes aux visiteurs qui peuvent admirer leurs styles différents, du rococo au néoclassique. Napoléon a déjà logé dans la Villa Pisani, la plus grande de la riviera, qui date du XVIIIe siècle, et Hitler y aurait rencontré Mussolini pour la première fois. La fresque du plafond de la salle de bal est signée Tiepolo. La Villa Foscari, surnommée La Malcontenta (la mécontente) parce qu'une épouse volage qui y aurait été enfermée contre son gré. Une partie de la Villa Foscarini Rossi abrite un musée consacré à la chaussure. On peut y admirer une sélection parmi les 1500 modèles signés Rossimoda qui ont mis en valeur les créations de Dior, Yves Saint Laurent,FendiGivenchy, Lacroix et tant d'autres pendant des décennies. L'exposition rappelle que la région se distingue depuis des siècles dans l'art de la cordonnerie.
De Venise, on peut prendre le bus qui mène à Padoue et s'arrête à proximité de plusieurs de ces villas, mais il faut s'armer de patience, le service étant inégal. J’ai préféré une des excursions en bateau qui sont proposées de mars à octobre, et comprennent la visite de quelques villas. Il est aussi possible de louer des vélos pour aller d'une villa à l'autre.
De retour à Venise, je me contente ce soir d’une Ombra accompagnée de cichettiau bord du rio di San Trovaso. Ou deux...
Buona notte