On croit rêver! En ce samedi matin de début de printemps, à Middlebourg, sur la place du superbe hôtel de ville, les Hollandais font un gigantesque pied de nez aux clichés : devant un splendide étalage de tulipes, des dames d'âge mûr en costume traditionnel avec coiffe et sabots, poussent leur vélo au son de l'orgue de barbarie. Un moulin à vent avec ça?
Dans ce pays, ce qui semble à première vue folklorique a une base tout à fait rationnelle. Les tulipes sont une richesse nationale puisqu'on les cultive surtout pour l'exportation des bulbes. Les sabots servent à garder les pieds au sec dans ce pays où la terre asséchée par les moulins à vent a été gagnée sur la mer. Économique et écologique, le vélo est le moyen de transport privilégié en Hollande où la densité de population est la plus forte d'Europe.
Fleurs, moulins à vent et fromage
Emblème de la Hollande, la tulipe vient pourtant de Turquie, mais elle s'est vite enracinée dans la terre sablonneuse de ce pays plat et humide. Elle est partout présente, dans les marchés d'abord, puis en somptueux bouquets plus originaux les uns que les autres, mais règne en souveraine au jardin de Keukenhof. Ce célèbre jardin tient son nom du potager planté d'herbes aromatiques ou « jardin de cuisine » (keukenhof, en néerlandais) où Jacqueline de Bavière, comtesse de Hollande, aimait flâner. Transformées en jardin à l'anglaise vers 1840, les terres de la comtesse ont changé de vocation, mais le jardin a gardé son nom.
Les visiteurs du Keukenhof déambulent dans les allées qui serpentent entre de vastes pelouses où sont mis en scène les massifs de fleurs printanières dont la floraison s'échelonne de mars à mai. Pour ajouter à la débauche de couleurs, quelques centaines d'arbustes à floraison printanière -- viornes, seringats, forsythias et lilas -- se mirent dans les plans d'eau ombragés d'arbres centenaires.
La tapisserie florale de Keukenhof varie d'une année à l'autre et se renouvelle complètement tous les trois ans. Quatre serres mettent en vedette les variétés primées et les nouveautés les plus excentriques. Les visiteurs s'extasient devant des tulipes rondes, pointues, frisées, bourgogne, pêche, noires, bicolores ou mouchetées, des jonquilles minuscules ou géantes, roses, orange, blanches ou même mauves, des amaryllis, des freesias, des lys, des iris, des gerberas, des jacinthes, des anémones et différentes variétés d'orchidées, de bégonias, de roses, d'oeillets, de chrysanthèmes et d'azalées. On y présente également des expositions sur le thème des fleurs.
La tulipe est d'ailleurs à l'honneur dans plusieurs tableaux de grands maîtres exposés dans les musées hollandais, dont les incontournables Mauritshuis à La Haye, et Rijksmuseum à Amsterdam. Le Musée de la tulipe noire, situé à Lisse, raconte pour sa part l'histoire de la culture des bulbes dans cette région située non loin d'Amsterdam. Encore plus de fleurs ? Tous les matins, une activité fébrile règne à l'encan de fleurs d'Aalsmeer où 19 millions de fleurs et 2 millions de plantes transitent quotidiennement.
Les légendaires moulins à vent ponctuent toujours le plat paysage hollandais. Le fait que beaucoup de meuniers aient continué à habiter leur moulin après l'installation des pompes électriques à la fin des années 1920, a contribué à leur conservation. Certains sont ouverts aux visiteurs, au Schermer, par exemple, où une société de conservation s'occupe des 11 moulins qui ont survécu au progrès technologique.
À Edam, se tient un pittoresque marché au fromage, mais celui, plusieurs fois centenaire, du vendredi matin à Alkmaar prend des allures de cartes postales. Devant l'historique balance à fromage qui date du XIVe siècle, des fromagers en costume traditionnel blanc, coiffés de chapeaux de paille de différentes couleurs selon la corporation à laquelle ils appartiennent, transportent des chariots sur lesquels on empile les meules de fromages que les marchands goûtent en prélevant des bouchées au hasard avec une sorte de vrille. Le spectacle vaut le détour ! Tout à côté se trouve le musée Hans Brinker, héros hollandais mythique du populaire livre pour enfants, Les patins d'argent. Ce petit musée compte une impressionnante collection de patins et d'éditions du fameux roman, un autre clin d'oeil au folklore hollandais !
Vincent, Rembrandt, Vermeer et les autres
Nous n'avions pas 15 ans quand une professeure d'histoire de l'art particulièrement allumée a expliqué l'art hollandais à notre classe éblouie, grâce à un savant montage de diapositives de toiles de grands maîtres et d'autres, représentant l'architecture et les paysages hollandais. La lumière, le clair-obscur, les angles droits : tout était là, il n'y avait rien à ajouter! Comme Amsterdam et Delft ont relativement peu changé d'aspect depuis quelques siècles, on peut facilement y retrouver l'ambiance des peintures de Rembrandt et Vermeer.
Rembrandt aurait maintenant plus de 400 ans cette année. Né à Leiden, le grand maître hollandais s'installe à Amsterdam en 1631. Dans la capitale néerlandaise, il est surtout présent au Rijksmuseum, qui abrite la célèbre Ronde de nuit, au Musée historique d'Amsterdam, où on a reconstitué son époque, et à la Maison Rembrandt, achetée par le peintre en 1639 et maintenant devenue un musée, où sont exposées de nombreuses eaux-fortes. L'aménagement original de la maison a été recréé grâce à l'inventaire notarié des biens de Rembrandt à la suite de sa faillite en 1656.
L'Office de tourisme d'Amsterdam propose un itinéraire de permettant de découvrir à pied Rembrandt, sa vie, son oeuvre et sa ville. Le document est publié en plusieurs langues, dont le français. L'itinéraire Rembrandt à Amsterdam comprend notamment un arrêt à l'hôtel NH Doelen, sur Nieuwe Doelenstraat où a d'abord été exposé la Ronde de nuit, une oeuvre commandée pour cette maison qui abritait à l'époque une salle de tir. À l'occasion de récentes rénovations, on a posé une reproduction de l'oeuvre sur le mur auquel était destiné la célèbre peinture. Non loin de là, sur la place Rembrandt, une sculpture en trois dimensions représentant la même Ronde de nuit a été érigée à l'occasion de l'année Rembrandt.
On trouve également des traces du passage de Rembrandt à Leiden, sa ville natale, et au Musée Mauritshuis à La Haye où est exposé son tableau Leçon d'anatomie du professeur Tulp et quelques chefs-d'oeuvre de Vermeer, dont l'immortelle Jeune fille à la perle et la Vue de Delft. La Haye n'est d'ailleurs qu'à un court trajet de bus de Delft, si on a envie de voir l'original. Ces villes sont facilement accessibles en train au départ d'Amsterdam.
On ne peut aller à Amsterdam sans visiter le Musée Van Gogh qui abrite la plus importante collection de toiles du peintre. Les visiteurs admirent avec émotion ses dessins, paysages, natures mortes, portraits et autoportraits représentant toutes les périodes de sa vie et regroupées chronologiquement selon les lieux où les oeuvres ont été réalisées, les Pays-Bas, Paris, Arles, Saint-Rémy et Auvers-sur-Oise.
Nul besoin de prétexte pour découvrir Amsterdam et se laisser charmer par ses paysages d'un autre âge, flâner dans les cafés, pourquoi pas, louer un vélo et entrer de plein pied dans le tableau de la culture hollandaise!
Un outil utile pour découvrir Amsterdam La carte I amsterdam, disponible à l'Office de tourisme, est proposée en trois formats : 24, 48 et 72 heures à 33, 43 et 53 euros. Elle permet l'accès gratuit à plusieurs musées, au transport en commun et à quelques croisières, et procure des réductions à un certain nombre d'attractions et dans quelques restaurants décrits dans un livret publié en quatre langues dont le français. |