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Yves Saint Laurent : l’ABC du style au Petit Palais


Pour la première fois, la mode s’invite au Petit Palais, le temps d'un vibrant hommage au couturier Yves Saint Laurent, disparu en 2008. Dessins, vidéos et modèles dévoilent les 40 années de carrière de cet immense créateur, depuis ses débuts chez Dior à son ultime collection en 2002.  

Les débuts du créateur dans la mode ont en effet coïncidé avec une véritable rupture esthétique. YSL a profondément renouvelé les codes vestimentaire, et par là, révolutionné la vie des femmes tout au long de la seconde partie du XXe siècle.

L'exposition qui se tient au Petit-Palais dessine le portrait de ce créateur singulier, à travers 307 modèles, mais aussi au travers de dessins, de films et de croquis. Au gré d'un parcours thématique et d'une scénographie élaborée, le visiteur est invité à découvrir la personnalité d'YSL et la manière dont son travail a influencé l'image de la femme du XXe siècle.

Entre son arrivée dans la Maison Christian Dior en 1955 et ses adieux au monde la mode en 2002, YSL aura connu plusieurs vies et décliné diverses facettes de son inclassable personnalité : Il aura notemment bouleversé les codes vestimentaires féminins en les nourrissant de références masculines. Le meilleur exemple reste sans doute ce mythique smoking pour femme, devenu à la longue l'une des signatures les plus intemporelles d'YSL.

De fait, YSL aura souvent fait scandale en malmenant la norme. L’ami de Catherine Deneuve (qu’il habille depuis le film de Luis Bunuel "Belle de Jour") aura également nourri ses créations d'un exotisme fantasmé tout au long de sa carrière.

. Les débuts du couturier chez Christian Dior 

II entre en 1955 chez Christian Dior qui le désigne comme son successeur. Il le devient à la mort de son mentor en 1957 et accomplit alors le passage d’une haute couture obsolète au règne du style. En 1958, Yves Saint Laurent crée chez Dior la collection « Trapèze », qui sacre son talent de « French National Hero » (The New York Times). La collection préfigure le désir de liberté caractéristique des années 60 qui s’exprime dans un vêtement désentravant le corps.

. La révolution des genres

En 1960, Yves Saint Laurent est appelé sous les drapeaux mais est rapidement réformé suite à une dépression nerveuse. Entre-temps, la maison de l’avenue Montaigne l’a remplacé par un autre créateur, Marc Bohan. Saint Laurent ouvre alors sa propre maison en 1961, au 30bis rue Spontini à l’orée du Bois de Boulogne puis au 5 avenue Marceau, avec l’aide de Pierre Bergé, qui va jouer un rôle essentiel dans sa vie privée et professionnelle: au premier la création, au second la gestion.

Yves Saint Laurent élargit la sphère d’influence du couturier tout en laissant la possibilité à la cliente de s’exprimer librement. Il lui propose les bases d’une garde-robe pensée comme le miroir d’un nouveau style de vie. Elle reflète de nouvelles habitudes de consommation et une nouvelle image de la féminité. Dans ce contexte, Yves Saint Laurent crée un nouveau genre, entre le féminin et le masculin. 

 Un espace présente 43 modèles illustrant les incontournables de la maison Yves Saint Laurent : le caban, la saharienne, le tailleur-pantalon, le tailleur jupe, la blouse normande, la tunique, le jumpsuit.  

. YSL habille Deneuve : 10 pièces majeures de la garde-robe de Deneuve

Une salle présente 10 pièces majeures de la garde-robe de Catherine Deneuve, signées YSL : de la robe de grain de poudre noir et satin ivoire créée pour "Belle de jour" en 1967, à la robe du soir longue, en crêpe de satin rouge tango (1997).

. Exotisme et voyage imaginaire

« J’exerce mon imagination sur les contrées que je ne connais pas. Je déteste voyager. Si je lis un livre sur les Indes, avec des photos, ou sur l’Égypte où je ne suis pas allé, mon imagination m’emporte. C’est là que je fais mes plus beaux voyages ». Yves Saint Laurent, entretien avec Catherine Deneuve dans "Globe", 1er mai 1986.

 . YSL malmène la norme et créé le scandale

À l’été 1971, Yves Saint Laurent présente sa collection "40" inspirée des années noires de la guerre.

Dans les salons de couture, c’est la consternation. Plus que les réminiscences de l’époque de la guerre et de l’Occupation, c’est le type de femme imaginé par le couturier qui choque le public, une femme à la croisée insolite de l’avenue Montaigne et du Bois de Boulogne.

La presse réagit violemment et condamne. Mais ce style est adopté immédiatement par la rue. Les filles se reconnaissent dans ce style Rétro. La collection 40 fait l’effet d’un choc en plein mouvement hippie et féministe, et inaugure le retour de la sophistication et du glamour.

La même année, Saint Laurent pose nu sur les publicités pour le lancement de son parfum Homme et créé à nouveau le scandale. Six ans plus tard, il lance Opium, qui continuera à associer scandale et succès populaire.

. Les références à l’art contemporain et le dialogue avec les autres arts 

Dès 1965, la Collection Mondrian entreprend de décloisonner les genres artistiques en faisant dialoguer mode et art contemporain. Dès lors, le couturier crée régulièrement des rendez-vous avec le monde de l’art dans ce qu’il appelait ses dialogues : Mondrian, Wesselman, Poliakoff, Van Gogh, Matisse, Picasso, Braque, Léger, Apollinaire, Aragon, Cocteau, Lalanne, etc.

Parallèlemment à l'art pictural, Yves Saint-Laurent s'aventure dans le cinéma, le théâtre et la danse, en signant des décors et des costumes pour Les ballets Roland Petit en 1962 ou le Mariage de Figaro en 1964 et même pour les concerts de Johnny Halliday en 1971. Chacun à leur façon, ces artistes lui permettent de réinventer un langage, qui est devenu le sien.

Jusqu’au 29 août au Petit Palais (Paris)

 

 

 

 

Louise Gaboury