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Article publié dans le webzine de Mars 2017

Procida, l’île enchantée


C’est une île minuscule blottie dans la baie de Naples, à l’écart de ses plus célèbres voisines, Ischia, et surtout, de Capri la bling-bling.

Pas de commerces de luxe ici. À peine deux guichets automatiques. Et une poignée de chambres d’hôtels. Un port qui accueille le va et vient des bateaux du continent, Marina Grande, et un port de pêche, un vrai, magnifique, authentique, Marina Corricella, où les pêcheurs ravaudent leurs filets le matin, au retour. Une place centrale, la piazza della Repubblica où se rencontrent les Procidani pour faire leurs courses dans les minuscules commerces qui vendent fruits, légumes et délicieuse mozzarella de buffala fraîche du jour, ou prendre un café, rencontrer leurs amis, au sortir de l’école ou du travail. Une petite place presque secrète, la Piazza dei Martiri, au carrefour de la rue qui monte vers le château et de celle qui descend à Corricella, où les riverains viennent fraterniser. Et quelques dizaines de kilomètres de route. Trop peu pour les trop nombreuses voitures des insulaires qui frôlent les piétons sur les rues trop étroites…

Procida mesure moins de 4 km2 et compte à peine 11 000 habitants. Elle a connu des jours meilleurs à l’époque où elle vivait de la construction navale. Elle est peu connue, sauf des lecteurs de L’île d’Arturo, un roman d’Elsa Morante qui date de la fin des années 1950, et des cinéphiles. On y a notamment tourné des scènes du merveilleux film Il Postino, ce que rappellent quelques affiches, et un ou deux bars et restaurants qui en font leur fonds de commerce.

L’île s’explore à pied ou encore en enfourchant un vélo électrique de location. Il faut prendre le temps de parcourir les petites rues qui mènent à des plages secrètes, de descendre et gravir des escaliers qui vont de la mer aux maisons. Prendre le temps de découvrir le bourg médiéval de Terra murate, au point le plus élevé de l’île. Prendre le temps, tout simplement. Flâner.

Procida est reliée par un pont inutile à l’île de Vivara, une île protégée, pour le moment inaccessible pour d’obscures raisons de conflits de juridiction, une situation typique de l’Italie du sud.

Rencontres

Plus que les couleurs émouvantes de Marina Corricella, que la tristesse du phare abandonné, que les minuscules églises, que les panoramas superbes, les couchers de soleil inoubliables, ce sont les Procidani qui touchent les cœurs. Grazia qui peut vous amener à raconter votre vie devant un café, dans le petit bar où elle travaille et qui hésitera à recommander un restaurant. « Les gens n’ont pas tous les mêmes goûts… ». Nunzio, un grand homme sec à la peau burinée, qui prend parfois des visiteurs dans sa barque pour leur raconter son île. Gianni qui m’explique en long et en large les saveurs de la salade de citron et me répond, au moment où je la commande, que, malheureusement, ce n’est pas la saison…Antonio, qui nous voyant entrer dans l’église de la Piazza dei martiri, vient nous rejoindre pour s’assurer que nous ne manquerons pas la sacristie. Et Joe, cet Américain qui a quitté sa Procida natale pour émigrer aux États-Unis à 14 ans et qui y revient pour la première fois 60 ans plus tard. Un peu perdu, il ne reconnaît pas le phare en ruines près d’où il vivait, mais quelqu’un, dans une boutique, le reconnaît, lui, et son italien lui revient comme par magie après quelques verres de vin autour d’une pizza…

Quelques adresses

. Albergo La Vigna, une petite auberge de charme d’une dizaine de chambres qui s’ouvrent sur un jardin dominant la mer. www.albergolavigna.it

. Deux restaurants où le poisson est toujours extrêmement frais,  Il Maestrale, directement sur le port, et La Lampara sur les hauteurs, et une gelateria, Chiaro di Luna, tous situés à Marina Corricella. Un restaurant sur Marina Grande, A un passo dal Mare, fréquenté par une clientèle mixte d’habitués et de voyageurs de passage qui ne se sont pas aventurés trop loin dans l’île, ou qui attendent tranquillement le traversier.…

Louise Gaboury