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La loi aura-t-elle raison d'Airbnb ?


Partout dans le monde, le site de location saisonnières entre particuliers est dans le collimateur des grandes villes touristiques. Pour l’instant, il résiste… au nez et à la barbe des hôteliers.

À Berlin, on ne rigole pas avec Airbnb : depuis le 1er mai, la capitale allemande interdit la location d'appartements entiers aux touristes. Autrement dit, seule la location de chambres est possible ! Qui contrôle me direz-vous ? C’est prévu : les voisins sont invités à dénoncer les contrevenants. Ces derniers risquent alors une amende de... 100.000 euros!

Sauf que la très rigoureuse législation allemande a déjà des trous! Le tribunal administratif de Berlin vient en effet de lâcher du lest en autorisant les propriétaires disposant d’un simple pied-à-terre à louer leurs biens. Cette décision répond à un recours déposé par trois Berlinois dont la résidence principale est située en dehors de Berlin. Selon les magistrats, la location de leur bien ne détourne pas ces logements de leur fonction initiale et "les intérêts privés l’emportent sur l’intérêt public" à conserver cet espace vacant. Voilà qui risque de malmener la législation en place.

Berlin n'est pas la seule à resserrer les vis. Paris, Barcelone, New-York et même San Francisco, qui accueille pourtant le siège d'Airbnb, sont entrées dans le bal. A New-York par exemple, les sénateurs ont voté une loi fin juin interdisant la location d'un appartement entier pour une durée inférieure à 30 jours ! Ce qui rendrait le business Airbnb tout bonnement impossible. Affaire à suivre pour l'instant : la loi doit encore être signée par le gouverneur de l'Etat, et la startup a déjà prévenu qu'elle saisirait la justice. 

Pourquoi une telle réticence ? Eh bien, parce que ce type de locations encourageraient une hausse des loyers et des prix d’achat des logements. Dans les grandes villes européennes, les plus touristiques, certains en ont fait un business très lucratif : ils achètent un bien pour le louer meublé à prix d’or aux touristes de passage. A Paris, comptez plus de 100 euros en moyenne la nuit pour un studio, contre 900 euros le loyer mensuel moyen en location traditionnel. Le calcul est vite fait : en 10 nuits de location Airbnb, le loueur gagne plus q'un mois de loyer !

En France, deuxième destination la plus représentée sur Airbnb derrière les Etats-Unis, le site compte ainsi plus de 300.000 logements, dont 70.000 rien que pour Paris et sa banlieue. Depuis le 1er août, le site américain collecte la taxe de séjour dans 18 villes, en plus de Paris et Chamonix. La capitale a ainsi empoché 1,169 million d’euros en 2009 au titre de la taxe de séjour pour la catégorie meublés touristiques non classés. Autre obligation prévue celle-ci par la loi Alur sur l’immobilier : un particulier souhaitant louer sa résidence principale ne peut pas la proposer plus de quatre mois par an, sous peine d'une amende de 25.000 euros. En théorie… car visiblement impossible à surveiller ! A Paris, les propriétaires doivent s’inscrire au registre des autorisations de changement d’usage pour les meublés, que l’on peut retrouver sur le site opendata.paris.fr. Il suffit de jeter un oeil rapide à la carte des 112 logements dûment enregistrés pour constater que c’est peau de chagrin...

Pendant ce temps, Airbnb continue son ascension vertigineuse. Alors que le tourisme est en berne dans l’Hexagone suite aux attentats, le site a passé en juillet la barre des 10 millions de voyageurs accueillis en France depuis son lancement. C’est deux fois plus qu’en 2015 ! La plateforme a levé 850 millions de dollars en juillet, selon l’agence Bloomberg, et ce, suite à une levée de fonds record de 1,5 milliard de dollars il y a un an. La start-up californienne est ainsi valorisée près de 30 milliards de dollars. C’est 25% de plus que celle du groupe Hilton (23,45 milliards) ou les chaînes Marriott et Hyatt cumulée, 2,6 fois plus que le groupe français Accor dont la capitalisation boursière est de 11,4 milliards de dollars, selon les calculs du Figaro ! Cela en fait surtout la licorne la plus valorisée des Etats-Unis loin, derrière Uber, à 68 milliards de dollars, rappelle Business Insider.

Le trésor d’Airbnb ? Ce ne sont pas ses hôtels, elle n'en a pas ! C'est sa base de 60 millions d’utilisateurs dans le monde, de l’île de Bali en Indonésie aux fins fonds de la banlieue de Chicago, ainsi que ses quelque 2 millions de logements disponibles dans 191 pays. De quoi faire pâlir d'envie les géants de l'hôtellerie dont Marriott et ses 1,071 millions de chambres, Hilton (737.922) ou Intercontinental (726.000), si l'on en croit les chiffres du site spécialisé hotelnewsnow.com.

Et c’est sans compter tous les projets dont dispose son fondateur Brian Chesky, dans les cartons. Sa dernière lubie en date : construire un centre d’hébergement à Yoshino, une petite ville du Japon, où les touristes pourront y louer des chambres et les locaux y utiliser des espaces collectifs). Certains appellent cela un hôtel, non ?

Source : Sandrine Chauvin, Linkedin

Louise Gaboury