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Le véritable sirop de Liège


Contrairement au sirop d'érable, le sirop de Liège n'a rien à voir avec l'arbre qui produit le liège. Cette gourmandise du terroir est plutôt associée à la ville de Liège, située à une centaine de kilomètres de Bruxelles, et à sa campagne environnante. Le sirop de Liège n'a par ailleurs de sirop que le nom. C'est plutôt une tartinade à base de pommes et de poires qui sert également de condiment.

Il y a très longtemps, au XVIIe siècle, les fermiers du pays de Herve, dans l'est de la Belgique, fabriquaient du sirop à partir du jus de concentré cuit des pommes et des poires de leurs vergers. Cette méthode de conservation leur permettait, avant l'invention des entrepôts frigorifiques et la révolution des moyens de transport, d'avoir des fruits sur la table toute l'année.

La fabrication industrielle du sirop de Liège commence vers la fin du XIXe siècle avec les premiers essais de cuisson à la vapeur et l'apparition des presses hydrauliques, deux innovations qui permettaient de traiter des quantités plus importantes de fruits.

La siroperie Meurens est fondée en 1902. Clément Meurens la construit judicieusement près de la voie de chemin de fer qui reliait Liège à Aix-la-Chapelle, ce qui facilite sa diffusion. Dès 1947, la famille Meurens dépose la marque « du vrai sirop de Liège », coupant ainsi l'herbe sous le pied de la compétition. Malheureusement, le sirop Meurens est moins « vrai » qu'il ne l'était. Depuis l'abattage de centaines d'arbres fruitiers dans la région au cours des années 60, on y ajoute des dattes importées de Tunisie. Le sirop de Liège de la siroperie Meurens demeure malgré cela le plus connu au monde. On le trouve même au Québec.

Les siroperies artisanales

Les petites routes de campagne du pays de Herve sont bordées de vergers de basses tiges qui se découpent sur ce paysage morcelé où des haies séparent les petites fermes isolées les unes des autres. Malheureusement, les arbres hautes tiges qui fournissaient les fruits servant à fabriquer l'authentique sirop de Liège ont pratiquement disparu.

Quelques artisans continuent tout de même à fabriquer le sirop de Liège dans le respect de la tradition. Ils n'utilisent généralement que des pommes et des poires de la région, alors que l'immense capacité de production de la siroperie Meurens, qui peut traiter jusqu'à 200 000 kilos de fruits par jour, la force à importer des fruits de Flandre et de France.

Le sirop artisanal d'Aubel se targue de perpétuer la tradition. Il est fabriqué depuis quatre générations selon la recette ancestrale des fermes du pays de Herve. Toujours cuit à feu vif dans une cuve en cuivre, ce sirop ne contient pas de sucre. Huit kilos de fruits sont nécessaires à la fabrication d'un kilo de sirop artisanal d'Aubel. Il peut se conserver jusqu'à dix ans dans un endroit sec et frais.

Sirop de Lège et cuisine traditionnelle

En plus de le tartiner sur le pain, on utilise le sirop de Liège à plusieurs sauces. Il entre par exemple dans la préparation des traditionnels boulets de Liège. Ces fricadelles sont faites d'un mélange de porc, de boeuf et de mie de pain assaisonné de sel, de poivre, d'échalotte, de thym, de sarriette et de laurier. Après la cuisson, elles sont nappées d'une sauce dans laquelle on a ajouté quelques cuillerées de sirop de Liège. Le sirop de Liège accompagne également étonnamment bien le fromage de chèvre et le très odorant mais néanmoins divin Herve, un des plus célèbres fromages de Belgique.

Situées à Aubel, la siroperie Meurens et la siroperie artisanale d'Aubel accueillent les visiteurs curieux de percer les secrets du véritable sirop de Liège.

Louise Gaboury