Bistrots et cafés de pays: voyage au pays de la convivialité

Les uns sont nés d'une initiative privée, les autres, d'une volonté politique, mais, quelle que soit leur marque de commerce, cafés et bistrots ont tant de choses en commun, que le commun des mortels ne peut les départager.

Certains coins de pays prennent la chose très au sérieux. C'est le cas de l'Ardèche méridionale, par exemple,  où une permanente s'occupe de l'encadrement des bistrots de pays. Cécile Mathieu, chargée de mission des bistrots de pays de l'Ardèche méridionale, c'est de garder le niveau, mais nous y arrivons. Nous proposons aux bistrotiers des ateliers de cuisine, de decoration, l'hygiène, etc. Nous les encadrons pour les animations et nous en organisons nous-mêmes pour mieux faire connaître le concept et bien l'ancrer dans la communauté."

Il y autant de diversité côté bistrot que côté café. Lieux de rencontres, ils accueillent aussi bien les gens du village que les visiteurs de passage autour d'un verre, d'un plateau de charcuteries,  ou d'une table de billard. Même si certains établissements proposent une cuisine plus sophistiquée, on y mange surtout des choses simples à saveur locale et on y boit le vin de la région.

Pour les gens du pays, ces établissements sont de précieux lieux de rencontre. Pour les voyageurs de passage, ils constituent des haltes agréables qui s'ouvrent sur la culture et les produits locaux, et parfois même sur des contacts chaleureux avec les autochtones.

À table!

Le Café des Poulivets

Il est 13h sur la rue de l'église à Oppède. Tout est calme. La France mange. Au carrefour, à l'ombre d'un grand platane, la terrasse du Café des Poulivets est pleine. En cette belle journée de juin, les clients sont surtout des étrangers. Ici, on peut manger un plat copieux pour 9 euros. Qui dit mieux? Aujourd'hui en plat du jour, des manchons de canard aux olives servis avec des pâtes au gratin et une bohémienne (ratatouille). Pour 11,90 euros, on a droit en plus à une entrée ou un dessert, et pour 13 euros, on a la totale: entrée, plat et dessert. Les salades sont bien garnies. Le vendredi, c'est jour d'aioli provençal. Le prix passe alors à 16 euros, mais c'est encore tout à fait raisonnable. Ouvert du matin au soir, le café est fermé le dimanche et le mercredi après-midi. Il ne sert que le repas du midi. Le soir on se contente de plateaux pour accompagner l'apéro.

L'imprévu

C'est le dernier-né des bistrots de pays du Vaucluse. Point de rencontre des gens du village des Beaumettes qui viennent y prendre un verre, surfer sur Internet, acheter le pain et le journal, jouer au billard. La cuisine est simple. La maison est tenue par un couple qui s'installé ici il y a un an.

Chez Claudette

Il y a foule chez Claudette qui officie ici depuis plus de 40 ans, mais ne s'affiche Bistrot de pays que depuis l'été 2009. C'est elle qui cuisine le choix de plats principaux et sa fille Sonia signe les hors-d'oeuvres et les desserts. L'établissement, qui abrite un comptoir postal, est ouvert de 7 h à 23 h, mais ne sert que le repas du midi. Ici, on peut manger pour presque rien. Il suffit de débourser 11 euros pour se régaler au buffet  de hors d'oeuvres, d'un des deux plats proposés, d'un dessert, et de vin!

On ne sert que du vin des caves de la région. La viande vient de la boucherie du village voisin, qui est d'ailleurs le fils de la patronne, et les fruits et légumes, du marché. Une vitrine propose des produits régionaux, huile d'olive,etc.

Le bec figue

Superbement installé au coeur de Labeaume, depuis 2004, le bec figue déploie sa belle terrasse colorée à côté de l'église atypique de ce village de caractère. Ici, pas de pizza, ni de frites, on sert une cuisine de grand-mère revue et modernisée: salades, tartes salées, charcuteries et la fameuse caillette sont au menu. "Tout est fait maison. Quand il n'y en a plus, il n'y en a plus!", commente Pierre, le patron. L'assiette du bistro est à 12,50 euros et la planche ardéchoise, à 14 euros. Les soirs d'été. On fait deux services et les reservations sont essentielles. Le bec figue comporte également une petite épicerie de dépannage où les gens du coin peuvent s'approvisionner en pain, legumes, etc., et les voyageurs de passage, se procurer quelques produits locaux.

Auberge de la Farigoule

Avec sa jolie terrasse, son petit bar, sa grande salle, et son menu composé à partir des produits locaux, la maison respire le bonheur. La patronne,  Brigitte, une femme joviale dont l'époux est producteur de truffes! Le porc servi ici, comme celui avec lequel on concocte l'excellente caillette, spécialité locale, proviennent de cochons élevés en plein air, les legumes, du potager du fils.  Elle connait la provenance de ses produits et peut transmettre ses bonnes addresses aux visiteurs de passage La maison est recommandée par Le guide du Routard depuis près d'une décennie.

Café de la place (Lasalle)

Les premiers Cafés de pays gardois sont nés ici, dans les Cévennes, il y a une trentaine d'années. Au Café de la place Lasalle, typique village cévenol où se tient un important festival du film documentaire, on a inclus des informations sur le village dans le menu. Comme son nom l'indique, ce café de la place, se dresse sur la place devant le temple, au centre de l'action où les joueurs de pétanque se rencontrent tous les jours. On peut y goûter la region sans se ruiner: plat du jour è 7 euros, menu enfants à 6 euros, sandwiches à 2,50 et 3,50 euros, omelette à 5 euros. Le vin du pays se vend 1,20 euros le verre, 8euros le litre! Le patron, Gilles Millet, vient du village voisin. Les gens du coin viennent acheter le fromage de chèvre et s'attardent le temps d'un café.

Café de la place Colognac

Anne a repris la grande maison de ses arrière-grands-parents, où logeait auparavant  l'ancien temple protestant. Elle en a fait un café de pays qui fait également office de dépôt de pain, depuis la fermeture de la boulangerie, et de petite épicerie. À l'heure de l'apéro, des couples viennent prendre un verre en jetant un coup d'oeil sur les enfants qui s'amusaient sur la place. Le soir, on peut manger pour 16 euros, un repas qui comprend une salade, un plat (souvent tarte à l'oignon, une spécialité locale) dessert et vin. Le fromage de chèvre vient de l'élevage de Marylène, les legumes du potager de ses parents et l'agneau, quand il y en a au menu, de chez Gérard. Traçabilité, vous dîtes?

Bistronomie de pays

Ils ont en commun le fait d'avoir pris leur experience ailleurs et d'avoir voulu rentrer au pays pour jouir d'une meilleure qualité de vie.

Chez Camille

Camille et Richard ont fait leurs classes dans les grandes maisons de la Côte d'Azur, où ils se sont rencontrés. Elle est aux fourneaux. Il est au bar. Chez Camille a pris le relais d'une maison qui a fonctionné pendant près de 50 ans. C'est ici qu'on fête les marriages et les baptêmes qui ponctuent la vie des villageois. Camille et Richard continuent cette tradition dans leur bel établissement labellisé Bistrot de pays en 2011.

Lou Regalou

Après avoir travaillé eux aussi dans les palaces de la Côte d'Azur, Julie et Cyril Vignal, se sont repliés sur les Cévennes pour preserver leur vie de famille. Il est du pays, elle non. Ils ont récemment acheté le Café de pays Lou Regalou, qui avait déjà pignon sur rue à St-Martial, charmant village de caractère. L'établissement existait depuis plus de 20 ans. La clientele était composée d'habitués et de tourists pendant l'été. Il compte cinq chambres sympas louées 60 euros, ou 95 avec la demi-pension. "Nous mettons l'accent sur la restauration", precise Julie. Et ils ont bien raison. Leur table est superbe. Ils proposent deux menus, l'un à 18 euros, l'autre à 26. Les produits sont frais et bien travaillés et les presentations sont spectaculaires. Par beau temps, on peut manger sur la terrasse.