Y en a qui n'osent pas partir en voyage de crainte que Pitou esseulé ne se laisse mourir d'ennui, ou que les cambrioleurs ne profitent de leur absence apparente pour dévaliser la maison. Y en a d'autres qui adorent les voyages autant que les animaux. Y en a encore qui ont eu l'idée de mettre les uns et les autres en relation pour permettre à tout le monde de voyager. Ce mode d'hébergement alternatif s'appelle house-sitting, le nom que lui ont donné les Anglo-saxons qui ont inventé le concept.
Le concept diffère de l'échange ou de la location de maison ou d'appartement. D'un côté il y a un acheteur de services et de l'autre un fournisseur. C'est le propriétaire qui paie, alors que le « house-sitter » est logé gratuitement... ou presque. Les formules peuvent varier selon les entreprises.
Mariannig Ferrari a fondé Ilidor il y a six ans justement parce que, même si elle adore voyager, elle avait du mal à laisser sa grande maison de campagne isolée. « Avec les volets fermés pendant un mois, l'herbe qui pousse, la maison devenait facilement vulnérable. J'ai cherché des solutions. On trouve sur Internet de simples sites de diffusion, mais ils ont leurs limites. Je ne voulais pas me retrouver avec un couple trop âgé pour s'occuper du gazon et des fleurs. J'ai senti un réel besoin de professionnaliser ces échanges», explique-t-elle.
Ayant déjà travaillé dans le domaine des ressources humaines, Mariannig Ferrari décide de lancer son entreprise en tenant compte de ses propres besoins qu'elle estime universels. « Les offres de séjour doivent être très détaillées, avec photos à l'appui. Il faut bien cerner les attentes du propriétaire pour que l'expérience soit couronnée de succès », précise-t-elle. Le défi est de relier le home-sitter avec le client. C'est toujours mieux quand il y a des atomes crochus dans l'air et qu'on peut penser qu'ils auront du plaisir à se côtoyer. En général ça se passe bien quand le travail a été bien fait, et les deux parties sont rassurées. »
Les deux parties se contactent par courriel, par téléphone ou sur Skype et tissent des liens avant de se rencontrer à la veille du grand départ des propriétaires qui peuvent leur expliquer sur place les tenants et aboutissements de leur maison et les caprices de leur ménagerie.
Ilidor, comme d'autres entreprises de home-sitting, recrute surtout des couples de retraités comme home-sitters. « En fait, ils ont du temps et ils ont de l'expérience de tenue de maison », souligne Mariannig Ferrari. « Certains d'entre eux partent jusqu'à six fois par an. D'un projet de voyage à l'autre, ils voient du pays. » Les propriétaires paient en fonction de la durée de leur absence, on ne demande aux home-sitters qu'une contribution de 45 euros par année, comme participation à la couverture d'assurance.
Si les propriétaires ont leurs exigences, les aspirants home-sitters ont également leurs conditions et plusieurs d'entre eux apprécient le confort. Certains home-sitters, bien qu'ils aiment les animaux peuvent parfois répugner à garder une demi-douzaine de chats, à dormir avec un chien dans leur lit, et pour certains d'entre eux, les exigences des propriétaires peuvent être trop élevées : promener le chien pendant une heure quatre fois par jour ou arroser le jardin pendant une heure tous les soirs...
Ilidor aimerait recruter des home-sitters québécois. « La demande est grande en région parisienne en juillet et août et les Français ont tendance à bouder la capitale et ses environs en été. Peut-être les Québécois seraient-ils tentés par l'aventure...