Selon Nathacha-Nadia Coquery du département d'Histoire, Histoire de l'Art et Archéologie de l'Université de Nantes, le tourisme de shopping existait déjà au XVIIIe siècle. Les Anglais et les Hollandais venaient alors faire leurs emplettes à Paris, déjà considérée à l'époque comme la capitale du luxe. Et le mouvement se poursuit.
D'après l'Association française des experts et scientifiques en tourisme, le shopping touristique est en pleine croissance, et, en 2004, le Réseau de veille de tourisme statuait que le magasinage était en voie de devenir une activité incontournable pour les destinations touristiques. Une récente enquête a révélé que le magasinage était la motivation avouée de 60% des visiteurs à Paris. Avec ses 17 000 boutiques, dont 5 900 consacrées au prêt-à-porter, la capitale française a tout pour les satisfaire.
Cap sur Paris pour les soldes
Les riches voyageurs du XVIIIe siècle se souciaient sans doute peu du prix des choses. Quelques siècles plus tard, les soldes d'hiver font courir les foules à un moment plutôt creux de l'année touristique.
Depuis quelques années, Paris joue à fond la carte du tourisme pendant la période des soldes d'hiver, afin d'attirer la clientèle étrangère. Hôteliers et restaurateurs y vont de leurs promotions. Des parcours « shopping » ont été créés pour faciliter la découverte des innombrables quartiers commerciaux de la Ville Lumière, et orienter les magasineurs étrangers vers les bonnes adresses, qu'ils soient « selects », « trendys », « créatifs », « bobos chics », « ethic ethnics », et « astucieux ». Le « Shopping Book », tiré à 85 000 exemplaires, est également téléchargeable sur www.parisinfo.com et www.shoppingbyparis.com.
Après cinq ans, Soldes by Paris, a élargi cette année son mandat pour devenir Shopping by Paris, et englober également le «Christmas Shopping ». L'opération est en cours depuis le 1er décembre.
L'exemple des Galeries Lafayette
Aux Galeries Lafayette, où les étrangers représentent 50% de la clientèle, les soldes d'hiver alimentent entre 10 et 12% du chiffre d'affaires annuel. « Le panier est plus important à cause des vêtements d'hiver, manteaux, etc. », commente Annie Bois, directrice du magasin-phare du boulevard Haussmann. C'est parfois un casse-tête de configurer les différents rayons pour accueillir les files de clientes. Oui, clientes, la course aux soldes étant un sport surtout féminin : même au rayon des messieurs, les achats sont faits à 70% par des femmes. Pour celles qui veulent se « relooker », le service de « personal shopper » du magasin est disponible même pendant les soldes. Il faut toutefois réserver longtemps à l'avance. www.galerieslafayette.com
Petit guide de survie
Les dates des soldes sont fixées quelques mois à l'avance par le gouvernement. Elles ont lieu cette année du 11 janvier à partir de 8 heures, au 14 février inclusivement. Les Parisiennes les plus aguerries ont leur stratégie. Elles vont faire du repérage la veille ou quelques jours avant le jour J, pour faire les essayages avant la cohue. Elles portent des vêtements confortables, faciles à enfiler pour les ultimes essayages, et des chaussures plates et traînent un sac à roulette pour ne pas crouler sous le poids des paquets.
Le premier jour, à l'ouverture, c'est la cohue, qui se calme un peu avant l'heure du lunch, un moment à éviter à tout prix. Après l'heure du lunch, surtout dans les boutiques, on peut profiter d'une brève accalmie.
Une deuxième démarque est appliquée environ 10 jours après le début des soldes. Une troisième démarque suivra. Les prix sont de plus en plus avantageux, mais le choix diminue d'autant.
Certaines marques ne sont pas en solde. Elles optent plutôt pour le système des ventes privées qui ont surtout lieu en décembre, sur invitation. Voir l'onglet « Shopping » sur www.mylittleparis.com