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Article publié dans le webzine de Novembre 2008

Lunenburg, trésor du patrimoine mondial


Midi à Lunenburg. Le port grouille d’animation et les terrasses fourmillent de touristes. Difficile de croire qu’on est dans une des plus vieilles villes du Canada tant elle respire la jeunesse et l’activité. Pourtant…


L’histoire de Lunenburg commence en juin 1753 quand un groupe de colons arrive du sud de l’Allemagne, de la Suisse et de la région de Montbéliard, en France. Ils ont été recrutés par le roi d’Angleterre pour fonder le deuxième établissement britannique en Nouvelle-Écosse, après Halifax, située à moins de 100 kilomètres de là. Le groupe, surtout formé de fermiers, comprend également des artisans. En échange de terres et de la liberté religieuse, on demande aux 1400 nouveaux arrivants, pour la plupart germanophones, de prêter serment à la couronne d’Angleterre.

Une architecture originale
Ces colons se révéleront de prodigieux constructeurs. Au début, ils bâtissent des maisons de fortune dont il reste quelques spécimens. Puis, à mesure qu’ils s’enrichissent, ils améliorent leur demeure. On trouve ainsi des maisons baptisées paycheque house qui été construites en deux temps; on complétait une moitié du bâtiment et on attendait d’avoir suffisamment d’argent pour construire l’autre. Certaines maisons, achevées ou pas, témoignent encore aujourd’hui de cette coutume.
Les nouveaux arrivants s’attaqueront ensuite à la construction des lieux de culte. C’est à Lunenburg qu’on trouve quelques-unes des plus anciennes églises au Canada. L’église St. John, véritable splendeur que ne laissait pas deviner le sobre extérieur de bois noir et blanc, a été détruite en 2001.
Établis au bord de l’Atlantique, les paysans européens se rendent rapidement compte que leurs terres ne sont guère fertiles. En moins d’une génération, ils deviennent pêcheurs, puis marchands et constructeurs de bateaux (on leur doit le célèbre Bluenose!), ce qui assurera la prospérité de la ville.
Ving-cinq ans après la fondation de Lunenburg, on continue à perfectionner les techniques de construction des maisons, et à en ériger de plus imposantes, comme la maison Koch-Salomon, datant de la fin du XVIIIe siècle. Mais c’est la maison Morash, construite en 1876 au 55 rue Montague qui, avec sa belle façade travaillée, illustre le mieux le style architectural propre à Lunenburg.
Joseph et Solomon Morash ont inventé la célèbre lucarne de Lunenburg, plus grande et plus ouvragée que les lucarnes traditionnelles. Certains modèles s’étirent même sur deux étages, alors que d’autres s’ouvrent parfois sur toute une pièce!
À la différence de la plupart des petites villes provinciales nord-américaines, Lunenburg a bâti ses belles demeures tout près de la rue. Comme souvent dans les villages de pêcheurs, elles affichent les mêmes couleurs que les bateaux. L’architecture particulière es maisons reflète quelques-unes des superstitions des pêcheurs. Ainsi, pour tromper le diable qui, on le sait, entre toujours par la porte arrière, plusieurs maisons ont deux façades! Aussi, comme il n’était pas de bon augure de passer un cercueil par la porte, on a prévu une fenêtre assez grande, appelée coffin window, pour sortir les cercueils de la maison.
En décembre 1995, le vieux Lunenburg était intégré à la liste des sites culturels et naturels retenus par le Comité du patrimoine mondial protégés par l’Unesco. L’originalité de ses maisons en fait un ensemble architectural tout à fait unique. Environ 400 bâtiments (école, conserverie, maisons, églises et entrepôts) font partie de la zone désignée, qui constitue un exemple particulièrement bien conservé d’un établissement colonial britannique en Amérique du Nord. son plan en damier avec des rues étroites et une avenue plus large, la rue King, conçue pour les défilés et le passage de l’artillerie, témoigne d’un urbanisme militaire. Son caractère résolument maritime et la survivance des mértiers et du mode de vie qui y sont rattachés forment a trame même de Lunenburg. Cette ville n’a rien d’un musée : on y pêche, on y construit des bateaux, on y conserve le poisson… on y vit, quoi!

www.explorelunenburg.ca/

Louise Gaboury