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Article publié dans le webzine de Juin 2009

Maroc : aux sources du camping


Tout a commencé dans un paysage comme celui-ci. Dans un désert de cailloux, un homme, une femme et trois dromadaires cheminent lentement à des kilomètres de toute région habitée. Ils n’ont pour tout bagage que ce que leurs bêtes peuvent transporter et sont à la recherche d’un endroit où se poser pour un moment.

Bivouac dans le désert

Au départ de Marrakech, il faut rouler sur plus de 500 kilomètres pour arriver à l’erg Chebbi, seul véritable erg saharien du Maroc, situé près de Merzouga. Nous allons passer la nuit en bivouac dans le désert, comme les nomades, ancêtres des campeurs. Il existe des bivouacs pour tous les goûts et tous les budgets, des plus modestes à la propreté douteuse, aux plus luxueux. La nuitée comprend habituellement un somptueux repas traditionnel que les nomades d’un soir peuvent arroser de vin préalablement acheté à Ouarzazate ou Zagora, un spectacle folklorique et le petit-déjeuner. Dans les bivouacs moins chers, les toilettes et les douches sont partagées, dans le haut de gamme, chaque tente pour deux dispose de sa propre « salle de bains ».
Le long de la route de Ouarzazate qui grimpe jusqu’au col du Tichka, se succèdent vergers, eucalyptus, noyers, amandiers, figuiers, tamaris, champs plantés de henné. Des chèvres broutent les rares touffes de verdure qui poussent dans la terre rouge. Ici, les gens se déplacent à pied, en mobylette, à dos d’âne ou entassés dans des camions. Les enfants vont à l’école à pied ou à vélo. Dans les villages, des étals regorgent de fruits et de légumes. Des pièces de viande sont suspendues à des crochets. Ici et là, des stands bancals de minéraux et fossiles installés à l’intention des touristes rappellent que la région était jadis immergée.
Parlant d’eau, nous approchons de Zagora quand la pluie se met à tomber.  Elle ruisselle des montagnes charriant des pierres qui bloquent la route. À certains endroits, ce sont des torrents qui empêchent les voitures de passer. Les files s’allongent. Les villageois accourus voir le spectacle aident à déblayer la route. Le lendemain, sur la route de Merzouga, nous devrons rebrousser chemin après Alnif. Les policiers nous informent que cinq oueds (rivières) ont débordé. Nous nous replions sur Zagora d’où nous allons tôt le matin admirer les dunes de Tinfout dans lesquelles nous circulons à dos de dromadaire vers un petit bivouac.
Ensuite, sur la route vers Tazenakht, nous voyons des paysans labourer leur terre avec un attelage minimaliste, comme on le faisait il y a des centaines d’années. Ceux-là sont heureux. Ils attendaient la pluie pour semer de l’orge et le blé qu’ils récolteront au printemps.
Ces pluies torrentielles imprévues prouvent que le désert réserve toutes sortes de surprises. Elles  donnent également raison aux mauvaises langues qui disent qu’il pleut toujours en camping…
Je dois avouer pour ma part, que je ne pensais pas trouver de l’eau aux sources du camping.

Louise Gaboury