Le 28 janvier 1950, Pier Paolo Pasolini quitte la lointaine Casarsa, au nord-est de la péninsule, et débarque à la gare de Termini. C'est aussitôt le « coup de foudre » pour la Ville éternelle.
En ces premières années d'après-guerre, il découvre les banlieues de Rome, les « Borgate » et leur population ouvrière vivant dans la précarité mais empreintes d'une étonnante vitalité. A la façon d'un ethnologue il se passionnera pour les jeunes de ces périphéries dans lesquelles il fut au tout début contraint de vivre. Pour leur culture de la rue, leur spontanéité, leur façon de s'exprimer, allant jusqu'à apprendre le « dialetto » de la Rome populaire, cette façon de s'exprimer qu'il immortalisa à l'écran dans Accattone (1961) ou sur le papier dans « Ragazzi di Vita ».
Le jeune provincial deviendra très vite un vrai Romain, lié à Rome par une relation complexe et passionnée, et ne quittera que rarement la capitale dont il fera le centre de sa vie et de son oeuvre. Analyste infatigable de la société italienne et de son évolution, il fera des « borgate » son sujet privilégié d'étude et de réflexion.
Dans la « Borgata » de Quarticciolo en 1961
Un an après Accattone, Pasolini tourne Mamma Roma, dont le rôle principal est tenu par Anna Magnani. Une fiction aux allures de documentaire, saisissante peinture de la vie dans les faubourgs de Rome dans les années 1950, dans ces quartiers populaires du sud-est, de part et d'autre de la Via Tuscolana, urbanisés à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale et encore en grande partie en chantier, et pour certains en friche, au moment du tournage.
Du 15 avril au 20 juillet 2014, l'exposition Pasolini Roma du Palazzo delle Esposizioni, Via Nazionale à Rome, permettra de se plonger dans ces vingt-cinq ans d'histoire qui séparent l'arrivée à Rome à l'âge de 28 ans et l'assassinat sur la plage d'Ostie en 1975. Vingt-cinq ans d'une vitalité créative tantôt adulée, tantôt vivement contestée, qui se manifestera non seulement avec le cinéma mais aussi au travers de la poésie, du théâtre et de l'écriture, du dessin et de la peinture.
Une découverte de la Rome pasolinienne en non moins de cinquante étapes, sur les traces de Mamma Roma et d'Accattone, à travers les lignes des « Ragazzi di Vita », le long des rues et des zones en friche des « borgate ». Rencontres, engagements, littérature, poésie, amours, désillusions, rupture, fuite...
Palazzo delle Esposizioni. Jusqu'au 20 juillet 2014
www.palazzoesposizioni.it/