En sortant du taxi, via Scialoia, à Florence ce 1er juin, je me demandais dans quoi je m'étais embarquée. Quand la porte s'est ouverte sur le visage souriant de la signora Petroni, j'ai tout de suite été rassurée. Le repas du soir était prêt. Nous l'avons arrosé d'un verre de vin. Edda ne parlait qu'italien. Je ne pouvais pas encore conjuguer mes verbes en italien. Mon dictionnaire posé à côté de mon assiette, nous avons commencé une conversation qui s'est poursuivie pendant trois semaines.
Au fil des jours, j'ai cessé de parler à l'infinitif et mon vocabulaire s'est enrichi, mais je suis restée sous le charme tranquille de cette femme calme qui cuisinait à merveille. Elle m'a appris le b a ba de la cuisine toscane qui, selon elle n'a rien de raffiné, comme la panzanella, un plat dit de pauvre, à base de tomates, d'huile d'olive et de pain de la veille...
Pendant trois semaines, je me suis levée heureuse, tous les matins, de marcher dans Florence pas encore envahie par les hordes de touristes. Je marchais, légère malgré la chaleur, avec les Florentins qui allaient au travail. De la via Scialoia à la piazza Beccaria, puis via del corso. Je jetais un coup d'oeil en passant à la place du Duomo, belle et déserte à cette heure.. Sur la Plaza della Republica, le camelot qui distribuait le quotidien gratuit Metro me tendait en souriant le journal du matin en me disant galamment buongiorno signora!: la ville m'appartenait.
Au sortir de mes cours, il faisait très chaud et les touristes avaient envahi le centre historique. C'est le moment où j'aimais le moins Florence. Je rêvais déjà au lendemain matin...
L'année suivante j'ai choisi Rome. Plus grande, Rome n'est jamais complètement envahie par les touristes. De plus, la succursale romaine du Centro Linguistico Italiano Dante Alighieri est moins fréquentée par les jeunes étudiants américains. La clientèle est plus mature et plus diversifiée. La plus jeune était une Mexicaine de 25 ans. Il y a une Écossaise, un Suisse, une Française, une religieuse coréenne, un Japonais et une Américaine.
La famille qui m'accueille est moins sympathique, l'appartement moins confortable et moins bien situé. Je ne peux marcher jusqu'à l'école et ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais le trajet ne me procurait aucun plaisir...
Je suis tout de même conquise par Rome où je rencontre de nombreux québécois aussi fascinés que moi, dont Marthe qui y vit depuis près de dix ans et savoure chaque minute de son séjour. Après les cours, je découvre des quartiers et des musées.
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