L'exposition Il était une fois l'impressionnisme: chefs-d'oeuvre de la peinture française du Clark, présentée en grande première canadienne après une tournée européenne où elle a obtenu un succès phénoménal auprès de plus d'un million de visiteurs, fait escale à Montréal cette saison.
Les visiteurs auront la chance exceptionnelle de voir de près des oeuvres de Bonnard, Corot, Cassatt, Degas, Gauguin, Manet, Millet, Monet, Morisot, Pissarro, Sisley et Toulouse-Lautrec ainsi qu'une sélection unique de 21 tableaux de Renoir. Cette exposition, organisée et mise en circulation par le Sterling and Francine Clark Art Institute sous la direction de Michael Conforti assisté de Tom Loughman et Richard Rand, a été produite en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal pour sa présentation canadienne.
« Il s'agit de la première exposition véritablement consacrée à l'impressionnisme à Montréal, qui accueille en exclusivité canadienne quelque 75 chefs-d'oeuvre du Sterling and Francine Clark Institute », précise Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM, et commissaire de l'exposition à Montréal. « Avec ses rivaux Alfred Barnes, à Philadelphie, et Duncan Phillips, à Washington, Robert Sterling Clark, surnommé Mr. Anonymous en raison de la très grande discrétion avec laquelle il rassembla sa collection, a constitué incontestablement l'un des trois plus beaux ensembles de ce type en Amérique du Nord. C'est donc un rare privilège pour nous de pouvoir accueillir ces oeuvres ici. Si la province a présenté dans le passé des expositions monographiques, axées sur la période post- impressionniste et moderne ou encore composées de collections comprenant des tableaux impressionnistes, cette sélection se concentre entièrement sur ce mouvement - genèse, contexte, héritage -, dont nous voulons raconter la cohérence », ajoute-t-elle.
À la demande de la directrice, la présentation de l'exposition montréalaise est enrichie d'un prêt exceptionnel. Il s'agit de l'une des premières versions fondues par Hébrard (ici la 4e, numérotée D et réalisée entre 1922 et 1926) d'une célèbre sculpture de Degas. La Petite danseuse de quatorze ans vient ainsi compléter un ensemble de quatre peintures de l'artiste. L'histoire passionnante de cette oeuvre étonnamment moderne marque la deuxième partie du XIXe siècle. Révélée à l'exposition impressionniste de 1881, c'est en effet la seule sculpture que Degas ait accepté d'exposer et la plus ambitieuse qu'il ait jamais créée. Colorée au naturel, coiffée de vrais cheveux, vêtue d'un corset et d'un tutu ainsi que de véritables chaussons, cette fragile sculpture en cire polychrome semble réelle sous de nombreux aspects. À l'époque, les visiteurs éberlués et les critiques choqués accusèrent violemment l'artiste de représenter la fillette avec des traits bestiaux et vicieux. L'oeuvre disparut jusqu'à la mort de l'artiste, en 1917, où il fut décidé de la fondre en bronze avec une sélection de statuettes inédites, tout juste découvertes dans son atelier.« Aujourd'hui, la Petite danseuse de quatorze ans est paradoxalement considérée comme l'archétype d'une gracieuse ballerine, explique Nathalie Bondil. Pourtant, cette sculpture totalement révolutionnaire fut carrément incomprise : outre son scandaleux réalisme, dû à l'usage incroyable d'authentiques vêtements, Degas décida de la montrer, en 1881, sous vitrine... comme un spécimen zoologique du Paris moderne ! Par son attitude arrogante, cette "fleur de ruisseau" fut perçue comme une abominable représentation du vice qui emportait fatalement les classes miséreuses. À l'instar de Renoir, Whistler ou Huysmans, peu d'amateurs l'apprécièrent, excepté la nouvelle élite des collectionneurs américains qui, les premiers, comprirent alors la modernité de cet art contemporain. »
Jusqu'au 20 janvier 2013